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                                Entretien 
   au coin du Net avec...
 ...ALAIN
  GOUT
 
 
 Depuis qu’il participe à nos discussions 
   sur le Net, Alain GOUT, ancien directeur de la collection Signe de Piste 
  nous a fait part de ses réflexions et avis sur un certains nombre 
 de sujets abordés en commun.
 
 Nous avons sélectionné quelques uns de ces sujets 
  ci-dessous.  Les réponses d’Alain sont prises sur le vif, ce qui
leur  ajoute un  intérêt supplémentaire. Ce sont souvent
des  réponses  à des questions soulevées par les participants
  au Forum ou des réflexions inspirées par le sujet abordé
  par les netteurs.
 
 
   
 A ce jour Alain GOUT est à la fois responsable de la 
ligne  jeunesse   des éditions Delahaye   (Campus,
 S2P, rééditions   des albums Joubert etc. …) et bouquiniste 
 (via Internet) spécialisé   dans le livre d’aventure Jeunesse 
 et les Signes de Piste (Mowgli).
 
 NB :Depuis la reprise de la collection Signe de Piste 
par les éditions Delahaye, Alain Gout en est le
directeur littéraire.
 
 
 
 1- Sur la collection Signe de Piste :
 
 - On a souvent reproché à Signe de Piste d'être des
romans traditionnalistes voire plus ?
 
 - La "ligne traditionnelle" a été abandonnée
par               Foncine  et Dalens en... 1954.
 Et dans le style avant-gardiste, on n'a jamais fait mieux que Rubans 
 Noirs   !
 Opération Préludes, très "gentil" aujourd'hui,
 à   l'époque, c'était très décapant,
comme  l'ensemble   de d'Izieu.
 Le Coup d'envoi, Grand Jeu, ça y allait fort aussi.
 Et le Bal d'hiver ?
 etc, etc.
 Dans le "tradi", il y a évidemment Le Prince Eric, mais pas...
  les  Voleurs.
 Et dans le mérovingien, nombre de titres d'avant 54, aujourd'hui
   illisibles (à l'époque aussi, d'ailleurs).
 Non, dans SDP, il n'y a pas beaucoup de tradi et un peu de moderne,
 il  y  a une diversité permanente, comme un kaléidoscope
 
 
 - Les oeuvres de Jean de la Hire ou d'Arnould Galopin  ont-elles
des chances d'être un jour rééditées, comme précurseurs
de Signe de Piste ?
 
 - Jean de La Hire et Arnould Galopin, c'est déjà
  des ancêtres.  Faut voir s'ils sont tombés dans le domaine
public.  Autrefois, un auteur tombait dans le domaine public 50 ans après
sa  mort. A quoi on a rajouté les deux guerres de 14-18 et 39-45.
Ensuite,  la loi a été prolongée à 70 ans.
 Oui mais, les évènements d'Algérie sont devenus 
 une   guerre, alors faut voir si ça se rajoute (j'ai pas encore eu 
 le cas,  donc je ne me suis pas renseigné).
 Le passage de 50 à 70 a déjà foutu un joyeux
bordel.    Démonstration :
 Kipling est mort en 37. En 86, je me dis, chic, 
on  va pouvoir lancer une  nouvelle édition du Livre de la Jungle, 
en oubliant la médiocre  traduction de Fabulet et d'Humières,
  et en demandant une nouvelle  traduction à François Chagneau.
  Avec joubertisation du dessin.  Avec le passage à l’échéance
  des 70 ans, pourrais-je  rééditer ce livre avant 2007 ?????
 Réimprimer, peut-être, mais comme il y a changement d'éditeur, 
   ce serait une réédition. Dur, dur.
 Alors si, en plus, il faut ajouter le temps de la guerre d'Algérie, 
   je serai mort
 avant de rééditer ce livre.
 Bon, revenons à tes chers auteurs.
 Etienne de Vignoles, dit La Hire, est mort en 1443?
  Ca devrait être  bon.
 Oui, mais c'est pas le bon ! Quelle horreur ! Le Dictionnaire usuel
 illustré   Flammarion connaît ce compagnon de Jeanne d'Arc,
et il ignore Jean  de La Hire. Désolant !
 Bon, alors on se contentera d'autres sources. Ce serait 1878-1956
(étonnant,    non ?). Admettons. Dans ce cas, il faut l'accord des
ayants droit, s'il  y  en a.
 Voici ce qu'on fait.
 Entre éditeurs, on écrit à l'éditeur (ou 
 aux   éditeurs) habituel(s) de l'auteur, en leur expliquant que l'on 
 souhaite  rééditer telle ou telle oeuvre. On leur demande l'adresse
 des  ayants droit. Si l'éditeur poursuit l'exploitation de l'oeuvre,
 il  doit normalement avoir une adresse.
 En cas d'échec, on tente souvent le coup sans autorisation, 
en  publiant  éventuellement un avis de recherche dans Livres Hebdo,
 et  on publie  en provisionnant des droits d'auteur.
 En général, ça passe.
 Pour Arnould, même topo.
 Que dire d'autre sur lui ?
 
 Souvent trop méconnu des lecteurs, Georges Ferney
a-t-il eu une influence sur la collection ?
 
 
  
   - Ferney est un génie intersidéral du roman scout,
  bien trop
   méconnu ou minoré ! Quelqu'un a-t-il d'autres infos sur
lui    que
   celles dispo chez Guérin et sur le site des Amis du Signe
  de Piste.
 Avant l'arrivée de Dalens et Foncine,  en 54, c'est 
lui qui guidait et
   conseillait Mlle Gilleron, la directrice, dans le choix des manuscrits.
  Il
   aurait pu devenir directeur de la collection, sans la prise de pouvoir
   Foncine-Dalens...
 Il a aussi rewrité beaucoup de bouquins. On en voit une trace dans 
 l'adaptation
   en français des CHASSEURS DE FANTOMES, fait avec Jean d'Izieu.
 D'une vision allemande de la Provence,  il a fait un roman à la Pagnol.
 Encore un bouquins bien trop méconnu...
 Ses meilleurs bouquins ?
 Fort Carillon, bien sûr, même  avec les rides de l'âge 
(mais que dire, alors,
   des d'Izieu, ou du Prince Eric ?), le Château perdu, assez époustouflant.
 Et puis il y a aussi les livres parus sous autres pseudos : Geoffrey X.
   Passover, Georges Calissane
 
 
 Vente du label Signe de Piste :
 
 -Signe de Piste est passé d'éditeur en éditeur ?
 
 Effectivement, le label SDP a été vendu par Fleurus. 
Fleurus,    filiale de Media Participations, holding richissime qui s'était 
donné   pour mission d'éditer "d'évangéliser la
famille, au  niveau européen", a laissé tomber la seule collection
pour adolescents d'inspiration chrétienne (ou "démocrate-chrétienne"). 
   No comment.
 
 Premier contact du futur acheteur, les Editions Carnot, avec moi au
 Salon   du Livre de Paris en mars 2002. En avril, cet éditeur a dit
 qu'il  faisait du rachat du label une condition au lancement de son département 
  jeunesse, et à une association avec les Editions Alain Gout
 Puis, en juin, il voulait une simple collaboration.
 Il a rencontré Fleurus en juillet, et l'accord a été 
   donné par Fleurus en décembre 2002.
 Achat concrétisé en février, avec la création 
   par Carnot, d'une filiale jeunesse : Signe Jeunesse.
 Filiation transparente...
 Rachat des stocks SDP Fleurus, qui ont atterri chez moi (en dépôt), 
   pour vente aux particuliers et aux libraires.
 
 Entre février et octobre, aucune nouveauté sortie, aucun 
  signe  de démarrage, alors que je devais piloter ce nouveau redémarrage 
   SDP.
 Depuis mon dépôt de bilan, plus de nouvelles. Aucune
nouveauté.    Signe Jeunesse est bien propriétaire du label,
mais ne publie pas...
 A suivre... mais sans grand espoir de démarrage
 
 - On a entendu parler d'un film réalisé
d'après le roman "Hier la liberté" de Jean-Louis Foncien et
Jean-François Pays
 
 
 
    - En fait, le livre est davantage de Jean-François Pays que
  de Foncine,  mêmesi tous les deux étaient sur la  même longue d'onde.
 Le pessimisme (sur la nature humaine),  est plus dans la philosophie de 
   Jean-François.
 On le retrouve dans "Le Sorcier aux  yeux bleus".
 Le film a été tourné  à Malans, et les photos
  qui illustrent le livre (qui
   sont de Jean-François), sont les photos du tournage.
 Au même moment, je faisais un camp  avec ma troupe de rangers poilus
  des 
   jambes (12-16 ans...).
 On a fait aussi un audiovisuel avec  Foncine en "vieux pécore
 alcoolo  et 
   atrabilaire" (c'était son emploi, cet été-là).
 Madame Foncine en avait fait partie.  J'ai quelque part une photo d'elle,
   poursuivant un Ayack terrorisé, armée d'un martinet
  à  9 queues tiré de la
   collection personnelle de son mari.
 Pas piqué des hannetons, la photo  ! Il faudra que je la retrouve
 un jour 
   pour mettre dans son book...
 Ca avait donné un audio : "Malans  tendu", qui lui, ne donnait pas
  dans le 
   pessimisme...
 
 -Que pensez-vous des dissertations parfois polémiques
 des membres du Forum sur les romans et leurs auteurs ?
 
 - C'est toujours avec gourmandise que je lis vos impressions de lecture
   (il y avait déjà eu, avant, des réflexions assez
croustillantes    d'Alain, sur Matricule 512, La Forêt qui n'en
finit pas,   Faon l'héroïque,  L'Equipe des 4 nations,
Les Douze corbeaux.   Des corbeaux, qu'il situe entre Bibi Fricotin et
Rilke, il fallait   le trouver...
 
 C'est intéressant, car ce sont vraiment les réactions
 du  public,  enfin, au moins du public adulte.
 
 Pour "La Châsse de saint Agapit", j'ai régulièrement 
   des demandes d'achat ,  en occasion, venant de collectionneurs. J'ai
  relu ce livre, en vue d'une éventuelle réédition,
ce   qui m'a semblé...  impensable. Je ne sais ce qu'en pensent ces
acheteurs   quand ils le relisent 30 ou 50 ans après,  mais ils ont
dû être  sacrément marqués quand ils avaient  12
ans...
 
 Pour "Opération Préludes", c'est différent.
  Bien sûr,  les moeurs sont complètement dépassées
  : le flirt des deux héros  est à se taper sur les cuisses,
 et encore plus la réaction de ce scout qui se sent abandonné,
 lâché, trahi parce qu'il a vu ces deux jeunes gens marcher
 côte à côte dans la rue! On croit rêver.
 Mais c'est aussi un livre remarquablement écrit, les sentiments 
  et l'évolution psychologique sont analysés avec finesse. La
  progression dramatique est bien ficelée. (On pourrait dire la même
 chose  de "Signé Catherine..."). "La Recherche du temps perdu",
 "Les Thibauds", etc, évoquent aussi des mondes disparus et désuets.
 C'est le talent de l'auteur  qui séduit
 le lecteur.
 Par contre, je me pose des questions sur les jeunes filles d'aujourd'hui 
   qui me disent être enthousiasmées par Christine. Ils semblent 
  qu'elles  lisent ce livre au premier degré, et que la relation de
  Christine et de son  copain soit leur rêve secret... Assez étonnant.
  Mais pourquoi pas  ?
 
 
 - Pourquoi a-t-on aimé si fort ces livres, ces auteurs quand
 chacun   de nous était un(e) adolescent(e), et pourquoi nous ont-ils
 marqués   au point de passer des heures à en parler, 10, 20,
 30 ans plus tard   ?
 
 Pourquoi relisons-nous aujourd'hui (et presque uniquement ces livres,
  car  je ne pense pas qu'il y ait de tels ''fans clubs'' pour les collections 
  concurrentes  de l'époque .
 
 Et comment analyser l'écart, ou plutôt le fossé
 béant   qui existe entre une lecture d'adolescent et une lecture
d'adulte  ?...
 
 - Pour beaucoup de gens, la collection, comme les scouts,
est une collection traditionnaliste, voire "facho". C'est souvent intolérable.
 
 -  Je partage tout à fait ton "ras le bol" face à 
 ceux   qui ont des idées toutes faites et arrêtées sur 
 le scoutisme   ou sur SDP. Combien de fois les ai-je entendues, chez les 
libraires, dans   les salons du livres, dans la presse !...
 Il y a ceux pour qui c'est "facho", d'autres pour qui c'est "catho"
 (au   sens ''tradi'' ou intégriste, bien sûr), d'autres enfin
 pour   qui c'est "homo". Mais ces gens sont toujours incapables de passer
 à   la démonstration, d'étayer sur des exemples précis
 et  incontestables ce qu'ils avancent.
 
 Ils n'ont généralement RIEN LU, ils n'ont pas été 
   scouts, mais ils SAVENT. Les plus innocents, et les plus manipulés, 
   propagent les rumeurs qu'ont initiées, dans une stratégie 
 de  guerre idéologique, les politiques. Les critiques les plus anciennes 
   sont venues, en ce qui concerne Signe de Piste (je connais moins bien le
  volet scoutisme) du PC, et, en particulier de la CGT de Renault-Billancourt, 
  puis de militants s'exprimant dans les revues de critique de littérature 
   de jeunesse (toujours très orientés politiquement, et toujours 
   dans le même sens), puis, plus récemment, des trotskistes.
 
 Je range dans le même sac les intégristes et les adeptes
  du  FN qui regardent la collection avec les yeux de Chimène et qui
  ont  tenté à plusieurs reprises de la récupérer, 
  sans  se rendre compte que leur baiser de Judas était, pour la collection 
   (comme pour le scoutisme), un baiser de mort...
 
 Le scoutisme, comme SDP, est étranger à ces dérives. 
   Les gens qui ont "fait" le scoutisme, ou SDP, étaient de sensibilités 
   et d'opinions trop différentes pour qu'une orientation extrême, 
   comme cela est reproché, ait pu être donnée. Et, surtout, 
   n'ayant pas de commissaires politiques sur le dos, ils ont fait et écrit 
   ce qu'ils voulaient. Bien sûr, le scoutisme et SDP étaient 
 catholiques.  Mais ce n'était pas la rampe d'accès au grand 
 séminaire  ! Tout le monde, autrefois, était plus ou moins 
catholique, plus ou  moins pratiquant. Bien sûr, chacun a eu ses égarés 
  et  ses brebis galeuses. Tout corps social a les siennes, cela n'a jamais 
  rien  prouvé.
 
 Quand on a la cervelle pas trop décomposée, que l'on 
examine    et juge honnêtement et en toute bonne foi, il n'y a aucun 
sujet que    l'on ne puisse traiter. C'est la raison pour laquelle j'ai applaudi 
des  deux  mains aux sujets que j'ai vus traités, depuis 6 semaines 
que  je fréquente  (assidûment) le forum.
 
 C'est sain et tonifiant parce que ça n'a rien à voir 
avec   les jugements des censeurs et des imbéciles évoqués
  plus hauts.
 
 J'ai d'ailleurs évoqué ces sujets avec Foncine, 
 qui en a été  très intéressé. Car, pour 
 nous qui baignons là-dedans  depuis toujours, c'est intéressant
  de recevoir ces éclairages  historiques ou transversaux.
 (NB : A l’époque de cette remarque, Jean-Louis Foncine
  était  encore de ce monde.)
 
 
 Foncine est notre auteur fétiche,. Son recueil de nouvelles,
Le Foulard de Sang est surprenant d'autant que les nouvelles varient selon
les rééditions ?
 
 Le Foulard de sang est un pot pourri à géométrie
  variable.
 
 Il y a le récit proprement dit du "Foulard de sang", 
qui  part d'un  grand jeu auquel Joubert donne une coloration théâtrale
  et épique  (mais ça s'arrête là), et auquel
            Foncine   donne des prolongements  héroïques
et dramatiques.
 Foncine y a tellement cru, qu'il a voulu le perpétuer
  dans le temps,  le prolonger. Il y a eu, à différentes époques,
  des petits groupes - généralement de quelques individus -
qui  se sont créés. Il y en a toujours un aujourd'hui. C'est
très   peu de chose, en nombre de personnes et en influence, mais
ça fait   rêver les participants, et, pour Foncine, c'est
important.
 Ce n'était pas du tout le cas pour Joubert, qui en était 
  resté  au grand jeu. Je l'ai entendu une fois, dire, parlant de
  Foncine : " Quand  même, à son âge..." !
 Mais Foncine y croyait, et y croit toujours, comme moyen de 
perfection   personnelle.
 
 Quant aux autres contes, ils se trouvent là, posés à 
   côté, mais ils n'ont rien à voir avec le Foulard
  de sang.  Ils sont un peu comme des personnages de Molière
  dans une tragédie  à l'antique. Ca n'empêche pas certains
  d'être de petits  bijoux, comme Grenouille (qui doit beaucoup à
  Joubert, eh oui ! il  écrivait aussi fort bien, et l'auteur du Bracelet
  de vermeil en savait  quelque chose...), ou Paillasson.
 D'ailleurs, le bouquin s'est appelé tantôt "Le foulard
  de sang",  tantôt les "Contes du Pays Perdu". Pour
  s'y retrouver, avec Foncine,  faut s'accrocher !
 
 -  L’ensemble de Signe de Piste est une république
  d'enfants.  Tout le pouvoir est donné aux jeunes.
 Ils ne sont pas des héros, mais des gars ordinaires qui vivent
  des  situations extraordinaires.
 Le point de départ de cette païdocratie est la "Bande 
 des Ayacks",  dans laquelle les gamins se révoltent contre les 
 adultes tournés  en ridicule ; le degré ultime pouvant être 
 "Ephélia",   où les jeunes se passent totalement des 
 hommes, et fondent leur république   d'enfants (dans un régime 
 monarchique, faut le faire !).
 Une république qui tourne bien, PARCE QU'ILS SONT DES JEUNES, 
 alors   que la république d'enfants de William Golding, dans 
 "Sa Majesté  des mouches" tourne au cauchemar.
 Parce que les enfants ont quitté le terrain de l'enfance, ont 
 transgressé   ?
 
 Peut-on comparer la collection à une Bibliothèque
verte pour sa longévité ?
 
 J'ai parcouru l'ancienne bibliothèque verte : la qualité 
  des  titres est ahurissante : Jules Verne, Dumas, Erckman-Chatrian,
  Hector Malot,  Marcelle Vérité, Conan Doyle... Je trouve
  que c'était  un très bon niveau. Mais était-ce une
littérature  populaire  ?"
 
 Ca se voulait populaire. La Rose et, beaucoup plus tard, la Verte, 
ont   été  créées pour alimenter le (génial) 
  réseau librairie  créé par Hachette 1er : les bibliothèques 
  de gare. Plus  populo, y'a pas. Mais la clientèle, grande, moyenne 
  et petite bourgeoisie,  n'allait quand même pas jusqu'aux milieux 
ouvriers.  Il y a des freins  sociaux qu'il est difficile de surmonter. Les 
textes étaient  superbes  : grands auteurs, grands romans. Ca fait 
un peu penser, mutatis  mutandis,  au travail de Vilar au TNP : faire accéder 
 le plus large  public à  la culture (...mais le public de Vilar aussi 
 avait ses limites  : beaucoup  de profs, peu d'ouvriers !).
 
 Ensuite, de bons directeurs sans foi ni loi (en particulier Louis 
 Mirman   dans les années 60-70), ont rangé tout ça 
 au magasin   des vieilleries, et remplacé Hector Malot, Toudouze, 
 Dumas, par Enid 
   Blyton, Georges Chaulet, Georges Bayard : Oui-Oui, le Club des 5, 
           Fantômette,    Michel, c'est cucul, mais qu'est-ce 
que ça se vend ! Contre de tels  arguments, il n'y a jamais rien à 
dire.
 
 Un indicateur à méditer : dans mon catalogue de livres 
 d'occasion,   en six mois, on ne m'a pas demandé un seul de ces livres...
 No comment !...
 
 
 
 2 - Les Amis de Signe de Piste :
 
 - Origines de l'association des Amis.
 
 Si j'ai bonne mémoire (mais le problème c'est qu'elle
 est   pleine de trous), après la fin de Safari-Signe de Piste,
 et  avant que les Editions de l'Epi ne se lancent dans l'aventure
            Nouveau  Signe de Piste, on était bien embêté,
 car on ne savait  pas si on arriverait à relancer une nouvelle fois
 la collection.
 Le scoutisme battait de l'aile, on était dans l'ère
Mai   68  de contestation du vieux monde (contestataires dont je faisais
partie,   j'avais  fait "les barricades" à la Sorbonne), la collection
avait   commencé  de subir des attaques assez virulentes (dans Combat
: "Signe   de Piste, faux  roman scout, vrai roman de classe", orchestré
 par des cocos pur jus),  Alsatia et Hachette avaient déclaré
 forfait, bref, ça  allait mal, et on n'était pas fiers.
 Alors on a eu l'idée, Dalens, Foncine et moi, de créer
  une  association qui aurait pour but de rassembler les amis du Signe
de  Piste afin de garder le contact, et aussi pour montrer à un
éventuel  éditeur qu'il y avait du  monde qui y croyait
encore.
 Il fallait un siège social en terrain neutre, c'est-à-dire 
   ni chez Dalens, ni chez Foncine, alors j'ai proposé
  mon 2 pièces  cuisine du 74 rue Lecourbe à Paris.
 Il fallait des sous, pour faire un bulletin qui était plus
que   modeste  et à parution très irrégulière.
 Il fallait un Président, neutre (il ne le fut jamais). On en
 a  usé  pas mal.
 Voilà, vous savez tout, ou presque.
 
 
 - Le site réactualisé des Amis du Signe de Piste
  n'est pas  bon, ou intéressant, il est REMARQUABLE. "Vaut
le  détour", comme ils disaient au Michelin quand c'était un
guide  sérieux.
 
 J'ajouterai même qu'il ne nous reste pas grand chose à
 faire,   au niveau base de données SDP s'entend, sinon de
mettre  un  lien sur  notre site : il y a l'essentiel, question dates, titres,
auteurs   (avec nombre  de petites erreurs que les membres devraient s'amuser
à   rechercher.  Quel beau "Quiz SDP" ils ont là pour
le prochain   numéro de la revue ou la prochaine édition du
site). (Il y  a aussi un superbe article sur la bouquinerie "Mowgli etc.",
mais ce que j'en dis...)
 
 Par contre, il nous reste toute la réflexion critique, la "mise 
  en  perspective" comme disent les journaleux "tendances" (tendance pédant-cul-cul). 
   Et là, il y a tout à faire, car les Amis restent très 
   sages, ce qui est parfait. On ne peut être au centre du dispositif, 
   et en marge. A eux le discours officiel, à nous la marge.
 
 
 
 
 
 3 - Les auteurs- les livres :
 (extraits de réponses à des remarques
formulées sur le Forum)
 
 -  Angus,
 
 Michel Tournier est parti de thème existant,
  comme souvent. En l'occurrence,  "L'Aigle du casque", extrait de la "La
Légende  des siècles".
 Le thème :
 Au Moyen Age, époque de l'amour courtois.
 Deux jeunes tourtereaux se promènent dans la forêt. Arrive
   un seigneur voisin, assassin, pillard, ivrogne, etc., qui tue le jeune
homme   et viole la fille. Elle est ramenée au château de son
père   qui jure de se venger.
 Mais la fille est enceinte. Le grand père refuse de reconnaître 
   l'enfant de la honte. Il le place chez des paysans et l'oublie. La mère 
   meurt.
 Sept ou huit ans plus tard, n'y tenant plus, il va revoir l'enfant.
 Et  l'idée  de la vengeance germe en lui.
 IL le fait revenir au château et, quand il a 12-13 ans, il lui 
 fait   jurer sur la Bible que lorsqu'il sera en âge de combattre, il
 ira défier  le seigneur et le tuera en duel. Sans lui dire que l'homme
 est son père.
 Le tuera-t-il ? Tu le sauras en lisant la suite...
 Hé, hé, hé.
 
 -  "La Blanche",
 
 Une petite précision, sans grande importance d'ailleurs, si 
ce  n'est  de rétablir l'exactitude des faits. Mais c'est parfois important,
 l'exactitude. C'est avec des "détails" qu'on fait ou défait
  l'Histoire...
 
 Tu écris : "Lorsque François Chagneau et Alain
  Gout lui ont  refusé "La Blanche" en trouvant le roman
 trop élitiste et en lui demandant de  le réécrire dans
 un milieu plus populaire..."
 
 Ni François, ni moi-même, n'avons "REFUSE" La Blanche.
  Ni lui,  ni moi, ne nous serions d'ailleurs permis de "refuser" un Dalens...,
  aussi bien eu égard à l'auteur, ... qu'aux intérêts
  commerciaux  de la boîte...
 
 Nous lui avons dit, l'un comme l'autre, que la consommation de drogues 
  dures n'était pas limitée aux beaux quartiers, du genre "Passy,
   Auteuil, Neuilly", comme aurait pu le laisser entendre le roman, en particulier
  à un  jeune peu informé (ça existe, chez les jeunes
 et les moins jeunes).
 
 S'en tenir à ce territoire et à ces milieux, c'était 
   fausser la réalité, et donner, une fois de plus, des arguments
  à ceux, nombreux, qui accusaient  la collection d'être "élitiste"
  (cf. Isabelle Jan , Raoul Dubois,  etc.). Ces critiques contre l'"élitiste"
  de Signe de Piste, ce n'est pas de  moi, ou de nous qu'elles sont
 venues, mais de "chercheurs" et "critiques" généralement encartés
  PC. Il ne faut pas se tromper d'adversaire. C'est d'ailleurs  moi qui aie
  signé, dans Combat, vers 1970, le premier article répondant 
   à ces accusations !
 
 Mais autant j'étais le premier à contrer ceux qui faisaient 
   dans le procès idéologique et dans les méthodes staliniennes,
  autant je ne  me privais pas,  quand c'était nécessaire,
  de dire ce que je pensais à  Yves/Dalens, ou à Pierre/Foncine.
  Nos désaccords ont toujours existé, comme  dans toute équipe,
  ce qui ne nous empêchait pas d'être  d'accord sur tous les
points   essentiels...
 
 Mais pour revenir à La Blanche, voici ce que j'ai dit
 (ainsi  que  François) à Dalens : confiner l'histoire
 dans la  grande bourgeoisie, c'était  prendre le risque de fausser
 la réalité  (même si la drogue existe  AUSSI dans ces
 milieux - elle est partout  !) ; de masquer ou ignorer une réalité
  beaucoup plus complexe  et répandue que ne le laissait entendre
la  fiction.  (Ce que
 l'on voit aujourd'hui ne fait que le confirmer...)
 
 J'ai dit aussi que l'intrigue, les dialogues, les personnages, comme 
 toujours chez Dalens, était très bien ficelés, 
 que  le lecteur était pris aux tripes. Cela ne dispensait pas de rester
 en phase avec la réalité  sociale.
 Un roman sur la drogue, un roman voulant protéger les jeunes
 de  la  drogue,  ce n'est pas le Prince Eric. Rien n'y est gratuit, 
 ni sans conséquences. Quant à dire que Dalens ne pouvait 
 écrire que sur les "milieux  bourgeois" qu'il connaissait, c'est mal
 le connaître. Il était avant tout  noble, et non bourgeois ;
 dans la vie courante, il vivait de toutes les manières,  mais pas
 de façon bourgeoise. C'était un vernis extérieur. 
  Quant  aux milieux, aux héros "populaires", mais ils sont partout
  dans son oeuvre. Il aimait  peindre les voyous, les petites frappes, les
 grands truands. Les Mik en sont pleins.
 Et l'Affaire Balzac ?
 
 J'ai donc fait un certain nombre de remarques, essentiellement techniques,
  demandé modifications et corrections. Certaines ont été 
   acceptées par Dalens, d'autres pas.
 
 J'ai renouvelé ces demandes. Alors Dalens, (vexé
  ? par fierté  ?), a préféré reprendre son manuscrit,
  qui n'a, à aucun moment, été  "refusé", ni
par   moi, ni par François Chagneau.
 
 Certains s'étonneront peut-être que nous ayons demandé 
   des corrections à un auteur aussi chevronné que Dalens.
  Mais  les demandes de corrections étaient courantes et concernaient
  la quasi  totalité des manuscrits et des auteurs. Dalens et Foncine
  en demandaient à tous les auteurs, et j'avais été
 à  bonne école avec eux. Ils ont dû réécrire,
à   eux deux, la moitié de la collection ! Il n'y a guère
que              Jean Valbert qui y échappait, tant ses  romans
 étaient parfaits dès la sortie de la fonderie. Mais c'est
l'exception  qui  confirme
 la règle. Certains manuscrits avaient droit à un régime 
   de faveur, avec une réécriture - un rewriting dans le jargon
  - complète.  Non, je ne citerai personne !
 
 Voici pour ce "refus", qui fait partie des accessoires à ranger 
  au  magasin des légendes, et dont je sors... blanchi.
 
 
 -  En réflexe, mais il y a peut-être d'autres textes,
   il y a un récit un peu oublié de Foncine : LE
CAVALIER   D'AUJAC,  dans l'une des Fusées des années 70.
 
 Ca se passe sur le versant Est du Mont Lozère.
 
 Sur le même versant, du côté de Prévenchères, 
   dans un trou paumé, il y a l'un des meilleurs fabriquant de chocolat 
   de France. Il vend dans le monde entier...
 
 (Sur le Mont Lozère, où j'ai tenu un temps un centre 
de  vacances,  j'ai perdu mon Laguiole. Si tu le vois).
 
 
 -    Des traductions de textes étrangers il
y  en  a  eu des tas, venues surtout de l'allemand, non par germanophilie
exacerbée,   mais parce que Alsatia  avait son antenne à Fribourg,
et donc une  source d'approvisionnement de  première, et surtout parce
que Foncine,   surtout, (Dalens dans une moindre mesure) était
germanophone.   Il pouvait donc faire son marché à  la Foire
de Francfort (il  ne s'agit pas d'une foire à la saucisse, encore
qu'on en fît    à chaque
 fois une abondante consommation - "Dwei wurst, mit dwei beer, suivi
 de  "Dwei mall", c'est tout ce que j'ai appris sur place, mais c'est très 
  utile  - mais de la foire du livre, la célèbre Buch Messe).
 On a beaucoup vendu aussi, et les SDP ont été 
traduits  dans  pas de langues, et jusqu'au turc !
 
 - Pour Ferney, tu prêches un convaincu: Fort 
Carillon  figure  dans mon panthéon perso au même niveau 
que le Prince  Eric. Et Robert Alexandre qui, dans le genre 
SF-SDP, a vraiment  su construire un truc très perso. Effectivement, 
il y a plein de  SDP injustement sous-estimés. Quand je pense 
à Pierre  Labat, et  le Manteau Blanc que personne ne 
réédite  alors qu'il est introuvable chez les bouquinistes... 
( m'en fous, j'ai une  édition originale).
 
 
 - Signe de Piste est plein d'autres auteurs et d'autres titres
  perdus dans  la masse. En fait, Dalens et Foncine, ce sont les deux
  arbres qui cachent  la forêt.
 
 Auprès d'eux, il y a quelques gros calibres, dont on a parlé 
   ici : X.B. Leprince, Jean d'Izieu, Bruno Saint-Hill, Mik Fondal,
  Jean-Claude  Alain, etc...
 
 Mais il y aussi beaucoup de bonheur à lire Larigaudie, Ferney,
  Jean  Valbert, Maurice Vauthier, Jean-François Pays, etc, etc...
 
 Et puis il y a les pépites perdues, parce que leurs auteurs 
n'ont    souvent publié qu'un livre ou deux : Piqualise, de 
            Josy  de Bouclans,  Le Camée de l'Empereur, de 
           Moreau-Bellecroix,              Sang et Or, de 
           Bourgenay,  Les Jumeaux de Pékin,  de Gine 
Victor, Le Coup d'envoi, de Philippe  Avron, etc, etc,  etc, il 
y en a tant d'autres.
 
 Pour les rééditions, on a l'embarras du choix...
 
 
 - Je suis bien heureux de lire la note sur LONGUE PISTE.
 C'est effectivement un roman très méconnu du Signe
 de  Piste,  complètement éclipsé par Yug,
 qu'il  vaut pourtant largement. Moins "magique" que Larigaudie, peut-être,
  mais tellement plus moderne,  même en 2003, et plus "vrai". Yug
             est un conte. Longue Piste, un roman profond, qui
donne à réfléchir.
 
 J'avais réédité ce livre en numéro 1 des 
 "Coureurs   d'Aventures", non que j'aie voulu le placer avant tous 
 les autres, mais parce que c'était  un livre à rééditer 
 d'urgence.
 Je regrette seulement de lui avoir gardé sa couverture originale, 
   très belle dans son dessin, mais très vieillotte par la maquette.
 Celle de René  Follet, pour le SDP Junior, aurait été
 plus actuelle.
 C'est facile à corriger.
 
 Mais gardons ça entre nous, il ne faut pas réveiller 
les   justes  qui dorment... du sommeil du juste.
 
 
 - NB : En réponse à une attaque virulente
  d'un lecteur à propos des critiques émises  par quelques
membres  du Forum :
 
 - Loin de moi l'idée de susciter ou de prolonger une polémique.
 
 Simplement, ayant travaillé aux côté de Dalens,
  Foncine,  Joubert (par ordre alphabétique) et les autres (dans
  le désordre), je me dois  de témoigner de ce que je sais,
et  en particulier de rectifier les erreurs, d'enfoncer les contrevérités.
  Sinon, c'est la porte ouverte aux légendes  et aux rumeurs,  souvent
  malveillantes. Sur ce point, à Signe de Piste, on a été
 particulièrement gâté. Ce n'est pas ''polémiquer''
  que de dire à P…. de St S…. que  sa
 lettre en contient un certain nombre.
 
 Après avoir déploré des lectures trop "politiques"
   de Signe de Piste,  Patrice écrit que la collection
  doit être remise dans son contexte.  Certes,  mais son contexte
  ne s'est pas figé à la ligne bleue des Vosges  de1936...
 Après le "coup d'état" perpétré par 
Dalens   et  Foncine en 1954 (en se faisant nommer directeurs de
collection);  ils ont résolument orienté  la collection vers
l'ensemble de  la jeunesse, garçons et filles, et non plus exclusivement 
vers les  scouts... Sont parus alors, après certaines mièvreries
  de la précédente équipe, des romans aux sujets audacieux. 
   Dont, par exemple, les romans de l'abbé Rey (Jean d'Izieu)
  qui firent du bruit dans Landerneau  à l'époque. Dont certains
              Rubans Noirs, Feux de l'Histoire ou Hippocampe
 dirigés par Foncine. C'est évident, mais ça
  va mieux  en le disant : ni Dalens, ni Foncine n'étaient
  des nostalgiques du passé, ils  ne cherchaient pas a perpétuer
  des valeurs définies une fois pour toutes.
 .
 P…. ajoute : "une collection fondée par des scouts, catholiques
  pratiquants et engagés, pour la plupart monarchistes, et pour certains 
   dotés de noms à particule".
 
 Je regrette, mais cela n'est pas exact, et le dire serait laisser
accréditer   une légende, politiquement et religieusement non
neutres :
 
 Ce ne sont pas des scouts - j'entends par "scouts", les premiers auteurs 
   - qui ont créé la collection, car ce ne sont pas les auteurs 
   qui lancent une collection mais leur éditeur. L'éditeur, 
c'était Alsatia,  maison catholique de Colmar, qui voulait faire des 
livres pour les chrétiens, bien  sûr, mais qui savait aussi flairer
la bonne affaire : De Gigord faisait un tabac avec, notamment, les
livres de             Larigaudie, et ils ont voulu lancer une collection
concurrente. Idéologiquement, le catholicisme allait de soi, et financièrement
ça promettait. Les Alsatiens de Colmar étaient  avant tout
de bons gestionnaires comme ils l'ont montré par la suite.
 Donc, ne pas inverser la charrue et les boeufs.
 
 Pour revenir aux auteurs, ils étaient effectivement scouts, 
et  catholiques. Tout le monde l'était, à l'époque. Engagé
 ?  Le terme semble assez anachronique, et pas dans le vocabulaire du milieu.
 Cela me semble peu important : scoutisme et catholicisme allaient de soi
à l'époque.  Par contre on ne peut dire que les auteurs étaient
 "pour la plupart monarchistes".  A part Jacques Michel             (Maurice
de  Lansaye) qui était secrétaire  de l'Action
 Française et Dalens, je ne vois pas d'autres monarchistes
  déclarés  dans la collection. Pas à cette époque,
  et encore moins par la suite.  Sur quelque 170 auteurs en 70 ans, ça
  ne fait pas beaucoup. Quant aux nobles,  outre les deux cités (M.
  de Lansaye, Yves de Verdilhac, je ne vois qu'Henri Bourgenay-Jean
 de Weber à ajouter à la liste (encore ne me  suis-je jamais
  permis de lui demander s'il possédait bien tous les quartiers nécessaires).
 Guy de Larigaudie est entré dans la collection,
  mais bien après  sa mort. Non parce qu'il était noble, mais
  parce que ses livres étaient  excellents. Là encore, ça
  fait peu pour asseoir la légende. Ferney, qui a  pas mal
écrit   sur nos rois était plutôt tendance anar, Foncine,
fort   libre d'esprit  et de propos...
 Pierre Joubert est un cas à part, et il
s'en   explique bien dans ses Souvenirs en vrac. Du côté de
l'Action   Française avant  34, il s'en était très vite
dégagé.   Il a toujours eu beaucoup de sympathie  pour nos
rois, et pour les monarchies   modernes à la mode espagnole ou belge,
mais cela  ne l'a pas empêché   d'élire nos présidents
républicains,  avec une nette   préférence pour ceux
de gauche.
 
 P….. de St S….. demande du respect pour les convictions des fondateurs,
  et en particulier de Serge Dalens. Il a tout à fait raison.  Mais
 un appel au respect des convictions des autres serait tout aussi fondé.
  Il commet une erreur en faisant de Dalens le fondateur. Celui-ci
disait  volontiers aux journalistes que Foncine et lui-même
étaient   les "fondateurs" de la collection. (Je l'ai dit et écrit
aussi plusieurs  fois. C'était pratique et très publicitaire).
Mais c'était  inexact. Le créateur  était Alsatia (bis),
la directrice des  éditions Mlle Gilleron (Tante Mad  pour
les intimes), et le  premier directeur de collection fut Maurice de Lansaye,
 plus connu,  à l'époque, que Dalens qui n'avait
encore rien publié.   Ce n'est qu'en 1954 que Foncine et lui ont pris
les commandes (bon, d'accord,  je me répète).
 
 P…. écrit aussi : (Dalens) "souffrait d'une interprétation 
   nouvelle que l'on pourrait donner de la collection Signe de Piste".
  Sans dire QUI donnait cette interprétation. A l'intérieur
de  l'équipe ? Ou  à l'extérieur, dans la presse ?
 Etant dans la boutique à l'époque, j'ai assisté 
 aux   nombreux différents qui pouvaient exister entre Dalens 
 (plus conservateur), Foncine (plus novateur), Jean Valbert (conseiller
  religieux et généralement arbitre  de leurs différents)
  ou moi-même, grand ami de Dalens mais pas toujours  dans ses idées,
  surtout quand je me permettais d'émettre quelque critique  à
  propos de La Blanche ou d'Eric le Magnifique. Mais des échanges
  et des différences  de
 points de vue, nous en avons toujours eu en près de 30 ans
de  travail,   de camaraderie et d'amitié.
 Alors, "interprétation nouvelle", qu'est-ce que ça veut
  dire  ? Le Signe de Piste de 1954 était nouveau. Celui de
            Safari,  en 1971, aussi. Et  ainsi de suite. Et s'il n'en
 avait pas été  ainsi indéfiniment,  nous n'aurions
jamais  retrouvé le public  des jeunes à chaque nouveau redémarrage
  de la collection. Nous n'aurions été lu que par des collectionneurs
 adultes  (je m'empresse d'ajouter que ce sont des gens très bien,
pour ne pas me faire lyncher  !).
 
 Je ne m'étendrai pas sur les amalgames : "catho-facho-noble 
d'Action  Francaise". Je n'ai rien vu de tel sur ce site. Il est vrai que 
je n'y viens  que depuis peu de temps. Mais si j'approuve totalement la demande 
de Patrice  d'un peu de tolérance vis à vis de ceux qui croient, 
il me   semble que la réciproque est vrai : il y a des lecteurs qui 
ne croient  pas, comme  lui, à " la foi catholique, la fidélité
 au pape et à son message,  Dieu et le Roi". De
 même que nombre d'auteurs; et ce de longue date, n'étaient
   pas spécialement croyants, voire pour certains, pas du tout. Il
y  a dans Signe de Piste des auteurs qui expriment les valeurs chrétiennes
  - ils méritent  le respect -, et des auteurs qui croient en d'autres
  valeurs - qui le méritent tout  autant.
 Les uns et les autres respectent leurs lecteurs et tentent de leur 
délivrer  ce qu'ils croient.
 Autant je pense qu'il faut lutter contre ceux qui attaquent les valeurs
  défendues, ou simplement présentes, dans la collection- quelles 
   que soient ces valeurs car ce sont toujours des valeurs humaines et positives
  - autant je pense qu'il faut calmer les ardeurs de ceux qui voudraient,
consciemment  ou non, volontairement ou non, amalgamer la collection Signe
de Piste à   leur étendard.
 
 
 Et puisque P….. aimait Dalens, je laisserai à celui-ci 
 le soin de conclure, et, j'espère, d'apporter tout apaisement :
 
 " On peut tout dire, tout écrire, à condition de ne
pas   désespérer   les jeunes, de laisser un espoir à
la fin  du roman".
 
 Ce n'était pas un discours apologétique, c'était
  constructif. Quel beau programme.
 C'est ce qu'ont essayé de faire, pendant 70 ans, tous ceux
qui   ont  oeuvré autour de Signe de Piste, chacun à
  sa manière.
 
 
 -Parlez nous de l'oeuvre de Dalens et Foncine et leur apport
au roman pour jeune ?
 
 -On me demande si Dalens et Foncine avaient conscience 
  de révolutionner le "roman-scout-bondieusard-type-Kervizel" en écrivant 
   leurs chefs- d' oeuvres, ou s'ils ont changé le monde du "roman 
pour   ados" sans faire exprès ?"
 
 C'est un peu difficile de répondre. Je n'y étais pas.
 
 Ils avaient sûrement conscience de vouloir bouger un peu les 
choses.    Qui écrirait, si ça n'était pour apporter 
quelque chose   de nouveau ?
 
 Dalens, c'est à la fois très classique
  (le Prince Eric, c'est  très inspiré du "Prince
et  le pauvre"...), et très moderne  dans l'écriture.
 
 Mais quand j'ai parlé de ça avec lui, ou plutôt
 quand   il l'a lu dans ma thèse, il a ouvert des yeux comme des ronds
 de flan.  En fait, il ne pensait pas y avoir mis tout ce que j'y avais trouvé. 
   Vraie surprise, ou fausse modestie ? Va savoir.
 
 Pour Foncine, c'est plus facile.
 Sa "Bande des Ayacks", c'est classique dans le sujet (La 
Guerre  des boutons),  et transparent dans l'intention "révolutionnaire"
  : jeunes contre vieux, enfants contre bourgeois, etc. C'était une
 révolte contre tout ce qui embêtait les jeunes à l'époque.
 Et ils n'avaient  pas beaucoup de liberté. Inconcevable aujourd'hui.
 Je ne pense pas  que les jeunes puissent percevoir l'aspect "sérieux"
  de cette contestation.  Ils doivent s'arrêter à la farce.
 Il y avait de ça aussi dans l'intention des deux Pierre à
   l'époque : se payer la tête des vieux par la rigolade. (Pierre
   Lamoureux dit Jean-Louis Foncine et Pierre Joubert)
 
 Mais changer le monde du roman pour ado en 1937, ça non, ils
 n'en   avaient sûrement pas idée. Rigoler (pour Foncine
et  Joubert),   séduire (pour Dalens), et avoir un certain
succès.  Mais pas  plus.
 Après 54, ils ont piloté le navire, mais ça restait 
   un beau navire pour les scouts. Et puis, peu à peu, ils se sont 
rendus   compte qu'ils naviguaient en haute mer, à cause de l'enthousiasme 
  des jeunes lecteurs, du courrier, des rencontres...
 
 Voilà. Ca suffit ?
 
 
 -Au Signe de Piste, la ligne éditoriale des trois mousquetaires
était-elle respectée ?
 
 - Il y a eu des "courants" au SDP, à l'époque,
 avec  des gens  qui tiraient dans toutes les directions. Personne ne savait
 vraiment  où  allait le SDP. On savait seulement qu'il fallait
 faire du nouveau sans renoncer  au passé.
 Certains choix sont venus de l'équipe (les traductions principalement) 
   ; certains manuscrits sont tombés "naturellement" : Robert Alexandre, 
   qui avait envie de changer de Mikyr ; certains textes sont venus
  d'auteur  qui voulaient, en quelque sort, faire une carrière "d'écrivains" 
   (au sens littérature générale, l'écrit, le 
style,   avant l'histoire) au sein de la collection, et la faire changer :
            Mauriès,   Dubreuil. Il y aurait eu aussi Hélène 
Montardre, si elle était  restée... Quant à Bruno 
Hongre, c'était un challenge  entre lui et Dalens, dont 
il était le gendre, et dont il ne partageait  pas vraiment toutes les
idées...
 
 
 - Les livres de Jean-Louis Dubreuil étaient écrits
  parfois  avec son épouse.Ils signaient alors Claude Campagne
  (peut-être parce qu'ils allaient  se mettre au vert pour écrire
  ?).
 C'est le cas pour "Adieu, mes 15 ans"... un superbe livre sur 
 l'adolescence
 
 
 -Est-il vrai que "Le Lys éclaboussé" de Jean-Louis
Foncine et Antoine de Briclau s'est inspiré des  oeuvres du colonel
Suire (X.B. Leprince) ?
 
 -  Je viens d'appeler Foncine pour avoir confirmation
:
 
 C'est bien lui (Foncine, avec son co-auteur Antoine de Briclau),
  qui a lu  les travaux du colonel Suire (X.B. Leprince) sur Louis
XVII  (entre autres,  le "Grand monarque"). Il s'est servi des hypothèses
  qui y étaient  développées pour écrire "Le
  Lys éclaboussé".  Et non l'inverse.
 
 Le colonel Suire était décédé depuis longtemps 
   quand leur roman est paru.
 
 Qu'on se le dise.
 
 
 
 
 4 - JOUBERT :
 
 Est-il le créateur de la marque et du logo Signe de Piste
  ?
 
 - Pour ma part, j'en suis resté aux récits que faisait 
             Joubert,   repris il me semble dans ses souvenirs :
 Pendant que les "intellos" se creusaient la cervelle pour trouver
un  nom   de coll, il dessinait (pour changer).
 On lui a demandé :
 - C'est quoi ce machin ?
 - Ben ça veut dire : Camp dans cette direction.
 - oui, non, ce type de symbole.
 - Ben c'est un signe de piste...
 Bingo, étincelle, lumière.
 Les intellos avaient trouvé le nom qu'ils cherchaient.
 Joubert n'en était pas l'inventeur.
 Peut-être le catalyseur accidentel.
 Mais, apparemment, à ce moment-là, Jacques de Noirmont
  ne  pensait pas à la collection qu'il avait dirigée avant.
 
 Bien sûr, si le récit est exact, et non rêvé 
  après...
 
 C'est d'ailleurs sans grande importance.
 
 
 - P.Joubert a fait des portraits d'enfants et d'ados
 magnifiques,  beaux,  sans défauts physiques, sans acné, sans
 long pif ou  bouche trop mince...
 Aurait-il voulu donner de l'image du jeune homme une forme idyllique 
 qui   n'existe que pour quelques privilégiés? "
 "...le même Joubert caricaturait les adultes avec toutes les 
marques    de la vie sur le visage...et parfois ce n'était pas joli-gentil 
!  "
 
 Pas 
   facile de répondre à ta question, Mic, car c'est un vaste 
 sujet.
 Mais je ne crois pas qu'on y ait vraiment répondu. On a surtout 
  beaucoup  glosé, déliré, et dit bien des bêtises 
  sur le sujet...
 
 
 Il n'y a que Pierre Joubert qui aurait pu valablement répondre.
 
 Mais il ne répondait pas quand on essayait de chercher du sens
  dans  ses dessins car lui-même ne se posait pas de questions sur
son   oeuvre,  parce que ce n'était pas un intello narcissique.
 Parce que s'il était sûr de son talent (son succès 
  a  été constant),  il était aussi très 
modeste.
 
 
 Une fois que je parlais de tel ou tel point concernant ses dessins,
 il  m'a  répondu :
 
 "Ben dis donc, je savais pas que j'avais mis autant de choses dans 
mes   dessins".
 
 Une façon gentille et polie de répondre : "Qu'est-ce 
que   j'en  ai à faire, de toutes tes élucubrations".
 
 Car il s'en fichait complètement.
 
 Il dessinait sans réfléchir, pour le seul bonheur de 
dessiner,    dessiner, dessiner... Des jeunes, "parce qu'on m'a demandé 
des mouflets"    ; des bateaux, quand on lui en réclamait, des chevaliers 
et des châteaux   forts. Ca aurait pu être des chiens ou des baleines...,
avec pour seule  limite, un sujet inintéressant pour lui.
 
 
 
 Alors on peut rassembler les avis et tenter des hypothèses
:
 
 
 Ceux que j'appellerai les "innocents" (sans connotation péjorative), 
   disent que Joubert idéalise la jeunesse, et trouvent que 
c'est bien  comme ça.
 
 Il est vrai que le public est bon public, et qu'il demande et redemande
   des héros forts et purs. Toute une littérature a fait, de
 tout  temps, ses choux gras de héros mâles et femelles idéalisés, 
   de d'Artagnan à Yseult...  (sans parler de la littérature 
   Arlequin...).
 
 Alors pourquoi pas, pour les jeunes, des adolescents idéalisés, 
   que ce soit dans le texte ou dans le dessin ?
 
 Combien de garçons se sont projetés dans ces modèles 
   idéaux, d'autant qu'ils sont souvent crédibles et n'ont pas
   les super muscles des héros de la BD et du cinéma américains. 
   Combien de filles sont tombées amoureuses du bel Eric, du "craquant" 
   Christian ?
 
 
 Les adultes ?
 
 C'est vrai qu’ils ne sont souvent pas très reluisants. Mais 
là    aussi, il faut revenir au texte, avant de faire porter le chapeau 
à    l'illustrateur. Ils y ont rarement le beau rôle...
 
 
 
 Est-ce qu'il faut en déduire qu'auteur et illustrateur renvoient
   les adultes à leur médiocrité ?
 
 
 
 D'autres disent que Joubert peint des garçons efféminés.
 
 
 Mais leur discours est-il honnête, innocent, neutre ?
 
 Sont-ils clairvoyants, malvoyants ou malveillants ?
 
 Je me souviens un jour, sur un stand de salon, d'un homme qui me parlait 
   à mots plus ou moins couverts, d'une "certaine tendance" de Joubert 
   à peindre des garçons vraiment "très, très 
beaux,   vous voyez ce que je veux dire".
 Je rigolais intérieurement, et me préparais à 
répondre    quand une brave mère de famille, qui écoutait 
mine de rien,    s'est écriée :
 
 - Mais Monsieur, TOUS les enfants sont beaux !"
 
 Elle n'avait pas tort. Les garçons de Joubert sont peut-être 
   plus beaux que nature ; mais la nature est belle, elle aussi.
 Tout est pur qui va aux purs ! Et réciproquement.
 
 
 Pour ma part, après avoir bien réfléchi à
  la  question, je penche vers deux niveaux d'analyse, non limitatifs, et
qui  ne  sauraient épuiser le sujet :
 
 On peut d'abord s'en tenir à une explication purement "artistique" 
   :
 
 Joubert peint la beauté, idéalisée par son art.
 Toutes formes de beauté, que ce soit celle des adolescents, 
des   navires,  des animaux, des monuments, des femmes (il y en a quand même 
  pas mal,  dès qu'on sort de la période scoute et SDP,
  et plutôt  canon), et même des soldats en armes ! Ce faisant,
  il rejoint le courant  classique de la peinture, dans lequel la beauté
  est le leitmotiv constant,  de l'antiquité à l'époque
  pré moderne.
 
 Mais si on veut aller au-delà de cette conception "esthétique", 
   on peut suggérer que cette beauté idéale est la transposition 
   picturale de la vision des âges de la vie que se faisait Joubert
              :
 
 - Les adolescents purs et lisses symbolisent le paradis perdu de l'enfance. 
   Joubert se souvient des moments de bonheur de son enfance, du scoutisme. 
  Et Signe de Piste est le Grand Livre de ce paradis perdu.
 
 - L'âge adulte, c'est celui de la dégradation : l'âge 
   du travail, du combat pour la vie ;  c'est aussi celui des compromissions 
   : des calculs, des ambitions, des passions...
 
 Transposé dans ces personnages adultes, qui sont "dégradés", 
   déchus de leur enfance.
 
 
 Mais était-ce la conception personnelle de Joubert, ou celui-ci 
  ne  faisait-il que refléter le contenu du livre ?
 
 
 Personnellement, pour l'avoir côtoyé, je ne peux penser 
 qu'il   ait eu cette vision de la maturité. Même secrètement.
 
 Il ne se posait pas de problèmes, goûtait la vie simplement, 
   voyait ses amis, voyageait, et écartait tout ce qui pouvait être 
   source d'ennui ou de tracas. Il était positif.
 
 
 Par ailleurs, dans son art, il était une véritable éponge, 
   et captait le contenu émotionnel du roman.
 
 Plus ou moins consciemment, il transposait les deux niveaux de lecture 
  :  l'univers romanesque apparent, directement lisible (personnages, décor, 
   époque, action, etc.), qui constituait la matière première 
   du dessin  et le contenu souterrain, émotionnel du texte, jusqu'à
   la personnalité secrète de l'auteur (qu'il connaissait souvent
   personnellement). Et c'est ce qui donne vie à son dessin : au-delà
   de la perfection plastique, il y a tout ce que le dessin dégage,
 ce  qu'il exprime du contenu caché du texte, de son auteur.
 
 Il me semble que ce sont quelques éléments qui permettent
   de comprendre un peu du dessin de Joubert.
 
 
 5 - DIVERS : Sujets divers abordés sur le
 forum,  dont les réponses  peuvent éclairer certains.
 
 
 - Il n'existe aucun argus officiel SDP ou Joubert
?
 
 Pour le faire sérieusement, il faudrait visiter tous les libraires
  professionnels qui vendent SDP, les spécialistes - peu nombreux 
  -,  et les généralistes, très nombreux.
 Et surveiller ce qui se vend sur Ebay.
 Mais Ebay est trompeur : certaines ventes se font nettement au-dessous 
  de  la valeur des choses, car peu de clients ce jour-là, ou déjà 
   pourvus ; d'autres flambent, parce que deux ou trois collectionneurs acharnés
  se laissent prendre au feu des enchères (c'est courant, mais ça
  ne veut  pas dire qu'il y ait un "marché" derrière) ; parce
  que certains collectionneurs  font monter les enchères pour des
raisons   commerciales (ils revendent aussitôt),  parce qu'ils sont
fortunés   et se moquent du prix, ou pour d'autres raisons encore...
 Et puis un argus se fait dans la durée : les prix peuvent monter, 
   monter,... et redescendre.
 Ce sont quand même les libraires qui sont le plus près
 de  la  vérité : ils n'ont pas intérêt à
 vendre  trop bas (et perdre des gains),  ni trop haut,  pour ne pas
conserver  des rossignols et immobiliser leur trésorerie...
 
 Pour réfléchir à un argus, tu disposes de deux
 outils   :
 - la "Bibliographie Pierre Joubert", de Jacques Dutrey,
  qui permet de connaître tout ce que Pierre Joubert a réalisé
  dans  sa vie (à peu de choses près). (annonce sans pub pour
  ma boîte, le livre étant  épuisé) ;
 - le catalogue "Mowgli et Robinson", qui n'est en rien un argus,
  mais qui contient bcp de choses et permet de se faire une première
  idée  : certains livres sont un peu au-dessus du prix ; d'autres,
 au-dessous, selon le prix auquel j'achète, et selon ce que le public
 est prêt, ou non,  à payer.
 C'est un premier indice, sans être une référence.
 
 
 -  J'ai eu un jour, dans un salon, un entretien avec un Tunisien, 
  auteur  d'une nouvelle traduction du Coran (et athée ! ce 
qui est assez étonnant).  Il expliquait, entre autres choses, que 
           Mahomet  avait obligé les arabes  qui vivaient enfermés
dans des villes,  à abattre leurs murailles  et à vivre ouverts
sur l'extérieur,  à partir sur les  routes, à être
bergers, marchands, etc.
 
 Ca a complètement transformé leur mode de vie.
 
 Jusqu'à des conséquence inattendues : par exemple, quand 
  ils  vivaient derrière leurs murs, ils élevaient des cochons 
  qui  mangeaient les détritus jetés à la rue, assurant 
  ainsi  l'hygiène (comme chez nous au Moyen Age).
 A partir du moment où les murs sont tombés et les gens 
 devenus   non sédentaires, l'élevage du cochon est devenu impossible.
   L'animal est même devenu maudit, car il était le symbole
de   la vie sédentaire.
 
 C'est de là que vient le tabou de la viande de porc, et l'aversion 
   qu'en ont les musulmans, et non, comme on le croit généralement, 
   de problèmes d'hygiènes. (Quand on tue un animal, dans un 
 souk,  il est débité, vendu et consommé dans l'heure, 
 et donc  sans danger).
 
 Tout ça pour dire que Mahomet, en interdisant le repli 
 sur soi et  en forçant les arabes à s'ouvrir aux autres, a 
changé   la face du monde.
 
 C'est toujours vrai aujourd'hui, surtout dans un forum qui, par définition, 
   est un lieu... d'échange.
 
 
 -  Quand on n'a jamais publié, on très peu, on
rêve    de voir son nom écrit sur la couverture d'un livre.
 
 Une fois que c'est fait, à moins que ça vous gratouille
  très  fort, comme Simenon, on s'en fiche un peu. Le charme
 n'y est plus.
 On écrit, parce que c'est un besoin d'écrire.
 
 Par ailleurs, la notion d'Auteur, avec tout ce que ça sous
entend    de génie, (y compris, pour ceux qui ne trouvent pas le succès, 
   de génie maudit style Van Gogh), ça n'est qu'un aspect
  de la  réalité.
 
 Une oeuvre peut parfaitement être collective, et elle contient 
 toujours   un peu des générations précédentes 
 : Bach, qui  n'était tout de même le plus mauvais des 
 musiciens, a recopié   Vivaldi et Buxtehude, pour apprendre.
 Quand la messe du dimanche avait été exécutée, 
   il retournait la feuille de papier pour écrire autre chose. Homère
   n'a jamais existé, ou plutôt, s'il a existé, il
 n'a fait  que reprendre ce qui avait été imaginé par
 des générations  de conteurs oraux, etc., etc.
 
 Les choses sont à la fois plus simples, et multiples : il y 
a  tous   les cas de figure possibles: ceux qui créent à plusieurs 
 (studio  Hergé), ceux qui reprennent l'oeuvre commencée 
 par un autre  (courant aussi en BD), ceux qui travaillent en équipe, 
 ceux qui ont  des nègres et les spolient de leur travail (Alexandre 
 Dumas  et son  nègre, Alphonse Daudet, etc.) et ceux qui 
 veulent être  seuls,  avec leur nom en gros sur l'oeuvre.
 Entre St-Hill et Dalens, je ne pense pas que ça 
 ait posé de  problème. Mais effectivement, dans les dernières
  éditions,  on aurait peut-être pu mentionner sa participation.
  On verra à  l'avenir. Pourquoi pas ?
 
 
 NB : Note au moment de la création de l’association
  Jeux de Piste  :
 
 Ce qui définit une asso, ce n'est pas le montant de la cotisation, 
    ni même qu'il y ait une cotisation.
 
 C'est de donner une PERSONNALITE JURIDIQUE aux gens qui en font partie.
   C'est exactement comme une société, mais sans capital et
dividendes.   Une asso peut aller en justice, acheter des immeubles, vendre...
un bouquin,   par exemple, ou des scoubidous, etc. Il y en a de toutes tailles,
de l'amicale   des joueurs de biniou de Rosporden à... l'Assedic,
par exemple (ce   qui veut dire qu'asso ne rime pas forcément avec
pauvreté et  bénévolat : c'est sans doute la plus riche
de toutes, et bien  plus riche que toutes les PME qu'elle pressure)...
 
 La cotisation peut exister ou ne pas exister, être parfaitement
  symbolique,  ou à montant variables : membres bienfaiteurs, donateurs,
  ordinaires,  pas ordinaires, "pauvres" (étudiants, jeunes, rmi,
etc...).   Le financement  d'opération telles Cybermic, peut parfaitement
être   déconnectée  de la cotisation : par exemple par
le lancement   d'une souscription.
 
 Il peut y avoir différentes sortes de membres : des qui ont 
droit    de voter (dont de décider de l'avenir de l'asso), d'autres 
qui sont    simples spectateurs. Une asso dite, de type ouvert, donne le droit
de vote    à tout le monde (par ex. une association de copropriétaire 
  ! c'est bien le minimum). Une asso de type fermé, ne donne le droit 
  de vote qu'à certains membres, par exemples les membres fondateurs, 
  ou des membres qui se cooptent entre eux (pour l'asso Joubert, destinée 
   à gérer l'oeuvre de Pierre, il a été fait le
  choix d'une association fermée : la gestion des droits ne peut en
 effet concerner que les héritiers de l'auteur). Vous voyez, tout est
 possible. L'asso, c'est du costume sur mesure.
 
 Côté finances : il y a l'adhésion. Obligatoire 
ou  non.  Elevée ou abordable.
 Il y a les autres revenus : par exemple, la NL sur papier, pourrait
 donner   lieu à abonnement (comme c'est le cas pour la revue des
Amis).  Cela   peut aider à autofinancer le produit, ou bien à
financer  d'autres   opérations, telles Cybermik, ou d'autres encore.
Il peut  y avoir la  souscription, la vente d'objets, textes et élucubrations, 
 etc, etc.
 
 Tout ça pour dire que les possibilités sont INFINIES,
 et  qu'elles  dépendent des besoins et nécessité de
chaque  groupe.  L'asso, bis repetita, n'est qu'un CADRE, mais un cadre JURIDIQUE, 
  qui permet  d'avoir un compte en banque, d'acheter, de vendre, et, avec 
un  minimum de  comptabilité, de rendre compte aux membres, ce qui 
est  bien la base  de la confiance et de l'adhésion de tout un chacun.
 
 
 - Il y a eu d'autres collections d'origine scoutes...Jean-François...
 
 -    Dans "Jean-François", il y a peu 
de  romans scouts,  mais il y en a tout de même un ou deux. Je pense 
à  "NK Mène le jeu",  et à "L'Appel de Vardek"
 (en  2 volumes).
 Mais effectivement, les romans scouts, il vaut mieux les chercher,
 outre SDP et Jamboree, dans les collections "ancêtres" :
 
 "Feu de camp" et "Mowgli" chez de Gigord,
 "Joyeuse"et peut-être "Toison d'or" (?) chez Alsatia,
 "Message
  caché"
  aux Ed. Scouts de France et La Hutte,
 "Corsaire" (id),
 "L'Equipée" aux Ed. de l'Arc,
 "Fleur Rouge" aux Ed. La Flamme, et j'en passe.
 
 
 - Pourquoi êtes vous devenu bouquiniste en plus de vos
activités d'édition ?
 
 -  Je viens d'entrer dans le petit monde de la bouquinerie par
 nécessité,   faute de pouvoir pour le moment continuer dans
 celui de l'édition.   C'est tout nouveau pour moi.
 J'y vois plusieurs catégories (il y en a d'autres) :
 
 -  La plupart des particuliers me semblent faire ça par
 plaisir   et par passion. La plupart vendent à des prix normaux,
entre  5 et  10 €. Mais, pour certains, cela devient un "sport" qui consiste
à  acheter le moins cher possible pour revendre le plus cher possible.
Dérive    de collectionneurs ?
 Il y en a aussi, qui essaient de faire monter les cours car cela donne 
  de  la valeur à Joubert, à Signe de Piste...
  et à leur collection.
 J'ai vu aussi des particuliers qui achètent des livres neufs, 
 et  donc disponibles, au prix public, et qui les revendent au double du prix
 ! Est-ce dû à la difficulté de trouver ces livres en
librairie, ou à la rareté de certaines images de Pierre
 Joubert ? Pour l'éditeur, habitué à assumer le
risque  des impressions  en quantité, avec les immobilisations financières
 que ça  suppose, on risque l'infarctus à chaque fois. J'ai
vu aussi un libraire  de Nantes qui vendait l'album "Scouts" à ...
250 €. Il me l'avait acheté à 198 €, ...moins sa remise libraire.
 Pas mal comme culbute ! Mais on finit par s'habituer...
 
 -  Chez les professionnels, il y a ceux qui ne connaissent pas
 la  demande  qui existe sur ces livres (et on peut trouver chez eux, couramment, 
  un SDP  à 1 €. Mais pour Emmaüs, ça devient rare).
  Il faut chercher,  il n'y a pas de recette.
 Et il y a ceux qui savent que SDP/Joubert ont un public. Ce 
sont  eux qui  font la côte. Ils sont généralement plus 
chers  que les  particuliers (mais ils font cela pour vivre, et ont des charges
 que n'a pas  le particulier). Ce que je vois chez eux oscille généralement 
   entre 7 et 15 €. Chez les "spécialistes", c'est souvent bcp plus, 
  ...mais les chances de trouver le livre qu'on cherche depuis des années 
  sont bcp plus grandes...
 Et puis les "pros" ne sont pas forcément toujours les plus
chers    : je viens de voir partir sur Eb.y.  un SDP Junior à
 27,5 € !  Qui dit mieux ?
 Pour ma part, j'essaie de trouver un équilibre, serrant sur 
un  livre  pour me rattraper sur un autre... Mais les livres très rares
 et en  très état, je pense surtout à certains albums
 de Pierre  Joubert, peuvent coûter très cher.
 Si on n'est pas pressé, on peut toujours finir par trouver
un  album   Chefs d'oeuvre à 5 ou 10 €.
 Question de chance.
 Alain G., bouquineux
 
 
 (remarque sur le système scout)
 
 -  Mais si, il y a eu destruction du "système des patrouilles" 
   : en mettant les cadets chez les Rangers, et les aînés chez 
  les Pionniers, on supprimait cette prise en charge des cadets par leurs 
aînés   (et l'apprentissage des responsabilités qui y 
était lié),   pour le remplacer par des tranches d'âges 
assez homogènes.
 On avait beau les mettre en équipes, leur demander de pratiquer 
  une  "démocratie" autour de projets montés ensemble, il n'y 
  avait  plus cette pyramide des âges, et ce souci d'éducation 
  et de formation des plus jeunes.
 C'est toute la différence.
 
 
 Petite remarque technique sur le PRIX DU LIVRE.
 
 En France, le prix du livre est régi par la loi Lang.
 
 Contrairement aux autres produits dont le prix est librement déterminé 
   par le vendeur final, le prix du livre, lui, est fixé par l'EDITEUR. 
   (c'est pour ça qu'il est imprimé au dos du livre, pas pour 
  faire joli). Donc, pas par le libraire, ou le grossiste, comme c'est le 
cas  pour les tomates ou les presse-purée (ni par l'auteur le jour 
de sa  dédicace dans un salon, qui pourrait être tenté 
de dire  : je vous en donne 1 si vous m'en prenez deux !).
 
 La loi autorise une remise maximum de 5 % (le fameux "prix Fnac",
pratiqué    par qui veut).
 
 Donc, concrètement, l'asso, "éditeur" du livre (à 
  moins  qu'on décide que ce soit un compte d'auteur collectif... je
  sens que  je lâche peut-être une bombe à retardement 
qui  risque de faire causer sur les ondes, mais tant pis...), doit fixer un
prix  de vente  et l'indiquer sur la couverture.
 Bien entendu, elle peut faire des remises aux libraires, grossistes, 
 aux   auteurs, mais pas au client final, le particulier.
 
 Par ailleurs, puisqu'on est dans ce sujet, je rappelle qu'il n'y a 
rien   de pire à vendre qu'un livre "à compte d'auteur", ou 
qu'un  livre sans nom d'éditeur (ce qui revient un peu au même).
 Pour l'acheteur potentiel, même si c'est inconsciemment, ça 
   veut dire : il a pas trouvé d'éditeur, donc c'est que c'est 
   mauvais. (Le raisonnement inverse joue aussi : le chaland est rassuré 
   s'il voit marqué sur la couverture : Gallimard. Et pourtant, 
 combien   de roman sans aucun intérêt, même chez Gallimard 
 ! La  plupart des "primo romans", même quand ils sont bons, ça 
 peut  arriver, dépassent rarement quelques centaines d'exemplaires 
 vendus...).
 
 
 - Les frontières sont très floues, et évolutives
  dans  le temps : autrefois, le roman populaire était du roman d'aventures, 
   et incluait le polar, et même le... roman sentimental ("à 
l'eau   de rose"). C'était synonyme de roman médiocre, ou encore 
de   "roman de gare"...
 Mais ses racines sont beaucoup plus nobles : c'est, aux origines,
l'Odyssée    (qui est aussi beaucoup d'autres choses...), puis
            Don Quichotte.  Mais ça   démarre surtout
avec Gulliver de de Foë,              L'Ile au trésor
  de Stevenson, et les romans  de Walter Scott. C'est déjà
plus   classe.
 Aujourd'hui, il y a un public adulte pour les romans d'aventures,
avec,    par exemple, les romans de mer d'Alexander Kent, le polar,
la SF,  le fantastique   ; et aussi des romans d'aventures écrits
pour les  jeunes (Jules Vernes,   Harry, SDP, etc, etc, la "frontière" 
 - non dite - étant le  tabou du sexe).
 Ce qui définit le roman d'aventures, c'est la primauté 
 de  l'histoire : il y une histoire, avec un début, des péripéties
   et une fin. Contrairement à la littérature générale, 
   ou l'écrit, le style, la façon de traiter le sujet prime.
 C'est bien sûr, une façon de définir le roman
d'aventures,    et je la partage
 
 
 
 Le site devrait aussi fonctionner à deux niveaux :
 
 - base de données, donnant de simples informations techniques 
 (bibliographies,   monographies d'auteurs, éléments historiques, 
 etc), en partant   dans tous les domaines de l'aventure, sans limites dans 
 le temps ou dans  l'espace (où commence, où finit la notion 
 de "roman d'aventure"  - vaste débat...) ;
 
 - lieu de réflexion et de débat critique sur le roman
 d'aventure(s)   et la littérature de jeunesse. Et là, hors
quelques thèses   universitaires, y a pas concurrence, le sujet est
infini et passionnant.  Le débat avait déjà commencé
 sur Birk, mais ce  n'était qu'un début. Il faut redémarrer
 et attirer de  nouveaux penseurs. Quand certains auront fini de bouder dans
 leur coin, ils  pourront rejoindre. Y a mieux à faire que de sucer
 son pouce...
 
 
 6 - Humour :
 quelques  traits glanés au fil des messages:
 
 -  Un palindrome, c'est un texte qui se lit aussi bien de gauche
  à  droite que de droite à gauche, en conservant son sens.
Parfois  aussi,  en prenant un nouveau sens.
 C'est l'une des activités préférées des
 rédacteurs   de l'Oulipot (trad : Ouvroir de Littérature
 Potentielle), revue du   (très respectable) Collège de Pataphysique,
 dont les membres   les plus célèbres étaient Boris
 Vian ou Raymond Queneau,   et dont le père vénéré 
 était Alfred Jarry,   papa du "Père Ubu".
 
 Ils continuent de sévir aujourd'hui, quoique plus discrètement. 
   Leurs activités, purement cérébrales, sont loufoques 
   et inoffensives. Ils pratiquent aussi volontiers, dans leurs délires, 
   le contrepet et la charade à tiroir.
 
 L'un de leurs derniers membres célèbre, quoique discret, 
  était  Luc Perrin, modeste professeur de maths du lycée 
 de Reims, qui offrait  chaque semaine aux lecteurs du Canard Enchaîné 
 une contrepèterie  signée La Comtesse :
 
 "Le pape arrive à pied par la Chine".
 
 Pour revenir aux palindromes, il y a des mots naturellement palindromiques 
   :
 ici, non, elle, radar,
 des prénoms :
 Eve, Anna, Otto,
 des villes : Laval...
 
 On combinant habilement les mots, on arrive à ce genre de phrase
   :
 
 Et serpent né preste
 Revole se lover.
 
 Je te laisse décoder (les accents ne comptent pas).
 
 Louise de Vilmorin était experte :
 
 "L'ami naturel, le rut animal !"
 "L'âme sûre ruse mal..."
 
 Et pour finir, de la même, pour la clôture du Salon de 
l'Agriculture    :
 
 "Eh, ça va la vache ?"
 
 
 Et pour la petite histoire :
 
 Ah, Plein Vent, Dieu sait si on a joué à cache-cache
  avec  eux !
 
 Voici l'histoire de nos relations, totalement inédite, et donc
  en  exclusivité pour le club :!
 Plein Vent a d'abord failli s'appeler Signe
de  Piste !
 Et oui ! Quand Signe de Piste battait de l'aile, à la
 fin des années   70, Dalens a pris contact avec Robert
Laffont,  (qui était déjà   connu, mais tout de
même moins  qu'à la fin de sa carrière).   Laffont
            l'a reçu,  a écouté la proposition de
Dalens  de reprendre Signe  de Piste, et lui a répondu
: " Quel dommage ! J'aurais   été  ravi de reprendre la collection,
et vous avec, mais je  viens de m'engager  avec un jeune auteur, André
Massepain, et nous créons   une nouvelle collection, Plein
Vent. Je ne peux me désister,  je n'ai qu'un parole".
 Parenthèse : (pour ceux que le métier d'éditeur 
 intéresse,   Laffont avait créé une collection 
 intitulée : "Un homme,   un métier" (ou quelque chose d'approchant), 
 dans laquelle   un homme racontait son métier. Et Laffont a
 inauguré en racontant   son métier. PASSIONNANT ! Une bible, 
 et tout le métier y est.   A rechercher chez les bouquinistes.) Fin 
 de parenthèse.
 
 Dans les années 70, quand l'Epi allait mal et n'avait
 pu me garder,   mon père qui connaissait bien Andrei Kedros
 (c'est à dire André  Massepain), lui demande de me
recevoir  pour voir s'il pouvait m'aider. Quand  je lui dis que je viens
de SDP  et suis spécialisé jeunesse,  il me dit d'un
air navré  qu'il ne peut rien pour moi. Normal, j'aurais  été
un concurrent  à l'intérieur de sa boîte.  Et comme SDP
avait  un sacré prestige, il craignait peut-être  pour son épicerie...
 
 En 90, quand je suis licencié de Proost-Critérion, 
 l'officine   qui avait pris la suite de Begedis chez Media Participation, 
 j'envoie un  petit mot à Robert Laffont pour lui dire que je
 suis libre... (On sait jamais, Plein Vent était mort de sa
belle mort...). Il me répond  aussi sec : désolé, j'aurais
 volontiers envisagé quelque  chose avec vous, mais je viens de vendre
 ma maison d'édition à  Vivendi Universal, et je prends
 ma retraite !
 
 Quand je vous disais qu'on a passé notre temps à jouer 
 à   cache-cache !
 
 Alain GOUT
 
 
 
 
 
 Propos recueillis ou collationnés par Michel 
Bonvalet   (de 2003  à 2006)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   ©2006
         Michel Bonvalet
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