Michel Bonvalet présente


Entretien au coin du Net
en vidéo avec


Pierre Joubert


Tout a commencé au cours d'un entretien avec Emmanuel Lepage qui m'a révélé l'existence d'un film tourné en vidéo sur Pierre Joubert, dans son salon atelier de Meudon en 1981.
Il m'a communiqué les coordonnées du réalisateur de ce film, lequel a accueilli ma requête avec enthousiasme. D'autant qu'il souhaite lui-même réaliser un hommage vidéo à ce fantastique illustrateur.
Je lui laisse donc volontiers la plume pour vous expliquer les circonstances où ont été tournées ces images émouvantes dont vous pouvez voir un extrait de 6 minutes spécialement montées à votre intention.


Au début de la vidéo légère alors que les actualités télévisuelles se faisaient toujours sur pellicule , une génération croyait à l'avenir de la vidéo comme vecteur culturel. En ces temps pas si reculés, la video familiale au kilomètre n'existait pas non plus , on montait "au crayon gras" sur  Bande demi-pouce  et la cassette" U-matic" pointait seulement  son nez. Le montage était long, fastidieux et alléatoire : fallait être un peu barge pour croire à ces images fantômatiques et rémanentes,  à ces tubes qui se marquaient, si trop de lumière.

ça ricanait pas mal chez les professionnels qui n'imaginaient pas encore qu'un futur HD numérique allait détroner l'argentique.

Qui pouvait donc s'interesser à ces images pâlichonnes qu'il vallait d'ailleurs mieux en Noir et Blanc qu'en couleur ? (car cette dernière bavait , moirait, se décalait inoxorablement )
Quelques militants culturels d'avant la transformation définitive  des centres culturels et autres médiathéques en Supermarchés croyaient à des archives vivantes, à une mémoire collective (La  TV à l'époque se regardait déjà passablement le nombril : Garder trace d'un geste d'artisan, d'un parcours ...Joubert ! Joubert ? connait pas ! ).

Les Belges, moins bêtes que nous, firent de ces expérimentations culturelles en vidéo,  les bases de leur riche mouvement de TV de proximité :en France, on négligea, méprisa , jeta... pour y revenir 30 ans après, mais trop tard ! : le net est  là...  et ce sont d'autres pratiques plus difficilement verrouillables, mais sans doute moins collectives.

-1981 - Un Bibliothécaire, André Harotte , spécialiste de la littérature de jeunesse , me demande si je veux faire quelque chose en vidéo sur Pierre Joubert:  On pourrait le voir dessiner en plein coeur d'une belle expo; à l'époque,  ça relève presque de la magie!...Bien sûr, je saute de joie , Joubert a bercé toute ma pré-adolescence, j'ai fantasmé sur ses superbes dessins et ça m'est égal si les amis ironisent : le réalisme graphique n'a pas le vent en poupe et les raccourcis idéologiques font florès !

Le Tournage à Meudon n'a duré qu'une trop courte journée, je n'ai pas arrêté de tourner pendant que mon vieil ami bibliothécaire sélectionnait des planches pour son Expo. de Metz .

Pierre Joubert était sceptique devant mes deux caméras bizzaroïdes utilisées tour à tour : l'une grosse et trop haut perchée sortie d'une salle de TP de l'Université, l'autre portable et à l'image mieux contrastée; oh joie! elle était connectable depuis l'avant-veille avec un magnetoscope portable de 20 kilos grâce à un adaptateur miracle prété par un ingénieur-bidouilleur -Lequel Intervenait à Jeunesse et Sport - A moi tout seul , je réalisais donc une unité interministérielle improbable et depuis la base ! -

Brancher des câbles, cela doit avoir une parenté avec le noeud Scout , toujours est-il que Pierre Joubert au fur et à mesure que la journée se déroulait s'est pris au jeu ... et il a vraiment beaucoup donné: sans doute a t-il percu la passion derrière la maladresse?

A midi, sa femme Renée avait préparé une collation sympathique, on avait parlé Voyages et joies du Camping et Pierre nous avait emmené saluer au grenier un jeune dessinateur inconnu qui faisait ses gammes ...Patrice Pellerin: le futur créateur de la série maritime: l'Epervier !

A neuf heures du soir, on reprenait la route dans notre 4L pour la Lorraine profonde :ça avait été riche ! André en oubliait sa quasi soixantaine : il était l'ado. gambadant dans son camp scout..Bon, ce ne fut  pas tout!  Ajoutons  des nuits et des week-ends de montage : à l'arrivée une belle expo pour la Médiathèque, et une bonne courbe pour sa statistique de fréquentation ; Plus sérieusement , un public extrèmement large et hétéroclite , réuni par l'enthousiasme !

Comme il le disait volontiers, Pierre Joubert était une éponge : il avait marqué un demi siècle de son empreinte graphique : Avec à chaque décennie, un changement de style et de technique , mais toujours présente, la marque  Joubert: reconnaissable entre mille !

Ca a fait du bien de redécouvrir ces vieilles images oubliées dans un carton (juste avant qu'elles s'auto-détruisent) :Espérons qu'à  vous aussi , elles procurent cet effet "petite madeleine"


Patrick D.

http://jeuxdepiste.over-blog.net/article-25272019.html


 
 
 



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