Entretien au coin du Net avec...

Thierry ROLLET





Michel Bonvalet

Nous avons le plaisr de nous entretenir avec Thierry Rollet qui a bien voulu répondre à quelques questions afin de faire mieux connaissance.

Thierry Rollet est l'auteur de trois Signe de Piste (et d'autres en préparattion). On se souvient de "Kraken ou les fils de l'Océan" qui remporta le Prix des moins de 25 ans en 1981 mais aussi  de "Pour ne plus marcher seul" et "Le réseau Spectre" édités ces dernières années par Delahaye.

Auteur-Editeur aux multiples talents Thierry Rollet par ses romans passés et nouveaux assure le lien entre la collection Signe de Piste traditionnelle et la nouvelle édition.

Nous lui laissons la parole:


- Bonjour cher Thierry Rollet, nous vous connaissons tout particulièrement par vos romans d’aventures et aimerions en savoir un peu plus sur vous ?

- Je suis né à REMIREMONT (VOSGES) en 1960. Je me consacre à la littérature – je veux dire : pour être publié – depuis l’âge de 15 ans. Mes premières œuvres furent des poèmes et des nouvelles, publiés dans des revues littéraires. J’ai publié mon 1er ouvrage à 21 ans : c'était un Signe de Piste, Kraken ou les Fils de l’océan, qui m’a valu le Prix des Moins de 25 ans 1981, autrefois décerné par la collection Signe de Piste. J’en suis actuellement à mon 51ème ouvrage publié et je suis sociétaire des Gens de Lettres de France. D’abord enseignant, j’ai fondé en 1999 l’entreprise SCRIBO (www.scribomasquedor.com ) qui s’occupe de diffusion de livres, de conseils littéraires aux auteurs désireux d'être publiés, d’édition avec sa filiale : les Éditions du MASQUE D'OR, de formation en français/anglais et d’un atelier d’écriture. J’ai notamment publié des romans et des récits historiques, des recueils de nouvelles et de poèmes, ainsi que des récits biographiques d’artistes : Boris Karloff, Bela Lugosi, Édith Piaf, Léo Ferré. Ces derniers, ainsi qu’un recueil de contes fantastiques, ont été publiés au Canada, puis aux États-Unis après leur traduction en anglais.


- Parlez-nous de votre jeunesse Avez-vous participé à un mouvement particulier ? Scoutisme ?

- Hélas non ! Le Signe de Piste a toujours été un tremplin vers le scoutisme et ses auteurs m’ont souvent demandé pourquoi je n'avais jamais été scout moi-même ! Certes, ça m’aurait infiniment motivé, mais il n’y avait pas de troupe dans mon petit village vosgien. Plus tard, quand j’avais 20 ans, une troupe s’y forma et un chef scout m’informa que je pouvais devenir Chef scout en suivant un BAFA. Cependant, il me fallait d’abord accomplir mes obligations militaires. Libéré, je me suis trouvé dans une situation économique difficile qui m’obligea à travailler pour finir mes études, puis à me faire une situation. Scoutisme et BAFA furent donc mis aux oubliettes, mais j’ai toujours conservé l’esprit scout. Je serais très heureux de venir en aide aux divers mouvements scouts, autrement qu’en leur faisant des dons, bien que je ne sois plus un jeune homme désormais !


- Comment vous est venue cette envie de raconter des histoires ou qui vous a donné envie d’écrire ?

- Je me suis passionné d’emblée pour l’écriture car j’ai toujours aimé raconter des histoires, coucher sur le papier des aventures, au gré de mon imagination. Mes maîtres furent tout d’abord des auteurs de bandes dessinées (Hergé, Edouard Aidans, Jean Graton, Rosinski et Van Hamme, Hermann…) issus du Journal de Tintin dont j’ai été l’un des plus fervents abonnés. J’ai trouvé également matière à rêverie et des leçons de construction de récits chez Jack London et Jules Verne, mes romanciers favoris. À 8 ou 9 ans, lorsque mon instituteur, fervent adepte de la pédagogie Freinet, me demandait de rédiger des textes libres, j’ai tout de suite préféré, plutôt que de raconter mes vacances et mes promenades dans la campagne vosgienne où j’ai été élevé, inventer des histoires, des aventures, à travers des personnages atypiques que j’inventais au fur et à mesure… Tous ces textes sont perdus aujourd'hui.


- Comment avez vous découvert la collection Signe de Piste et les éditions EPI qui ont publié votre premier roman ?

- J’ai découvert le Signe de Piste comme tout lecteur : en faisant connaissance avec ses romans d’aventures, tout simplement. Ils ont enchanté mon adolescence, à tel point que j’ai voulu en savoir plus, notamment faire connaissance avec ses auteurs phares : Serge Dalens et Jean-Louis Foncine. Je leur avais écrit par l’intermédiaire de l’éditeur et ils m’ont répondu très amicalement, notamment Jean-Louis Foncine qui m’a dit : « Pourquoi tu viendrais pas nous voir au Pays Perdu ? » c'est-à-dire dans un petit village de Franche-Comté nommé Malans, transformé en Malaïac par Jean-Louis Foncine et où Serge Dalens possédait cet ancien presbytère décrit dans les Galapiats de la Rue Haute.

Jean-Louis Foncine, en ce jour d’été 1979, m’a accueilli avec sa franche bonhomie habituelle, m’a introduit dans sa maison. J’y suis revenu plusieurs fois par la suite, notamment en y entraînant un de mes jeunes cousins, lui aussi fervent admirateur du Signe de Piste. Mais j’avais déjà dans l’idée de participer au Prix des Moins de 25 ans, c’est pourquoi j’ai demandé des conseils à Jean-Louis Foncine ; je lui avais apporté quelques-unes de mes premières œuvrettes : des nouvelles et des poèmes, qu’il avait appréciés. Il m’a donc fortement encouragé à concourir.

L’abord de Serge Dalens fut plus solennel : plus réservé que Jean-Louis Foncine, quoique très amical et d’une politesse exquise, il m’appelait « Monsieur » alors que Jean-Louis Foncine m’avait tutoyé d’emblée – j'avais 19 ans à l’époque ! N’ayant pu situer Birkenwald, théâtre du Bracelet de vermeil, je lui ai demandé des renseignements à ce sujet et il m’entraîna jusque dans son bureau pour me montrer des cartes. Il me raconta également la genèse du Bracelet et du Prince Éric… mais je crois bien l’avoir oubliée maintenant ! Je me souviens cependant d’une de ses confidences : dans sa prime jeunesse, on lui avait dit : « Si vous avez du talent, ça se saura ! » Il voulait ainsi m’encourager lui aussi à participer au Prix des Moins de 25 ans car je lui en avais parlé également. Ainsi gonflé à bloc, j’ai tenté l’aventure… et Kraken ou les Fils de l'océan est né suis le papier !

Je peux encore réciter presque par cœur la lettre que m’adressa le président du jury : « Il me revient l’honneur et le plaisir de t’informer que le jury, à la majorité absolue de ses membres, a décerné le Prix à ton roman Kraken. » Imaginez ce que j’ai ressenti : j’admirais les auteurs du Signe de Piste et désormais, j’en ferais partie ! Merveilleux !

Je me rappelle également une séance de dédicaces qui eut lieu au Hall du Livre à Nancy, en 1984 si mes souvenirs sont bons et où j’eus pour compagnons Jean-Louis Foncine, Serge Dalens, Dominique Mauriès et Jean-François Pays. Ce jour-là, Serge Dalens, qui m’avait toujours traité avec une certaine cérémonie jusqu’alors, arriva, me tendit sa grande main en me disant : « Comment tu vas, Thierry ? » Enfin, il me tutoyait ! Il se montra durant la journée aussi gai, gentil, enjoué que tous les autres, notamment avec les nombreux scouts qui vinrent se faire dédicacer leurs livres Signe de Piste et avec lesquels j’ai eu moi-même de très intéressants entretiens. Dans la soirée, le film de Jean-François Pays "Hier la liberté" fut projeté dans une salle paroissiale : un grand moment ! J’avais lu le roman mais j’ai été heureux de voir ce film et d’y apprécier notamment le talent d’acteur de Jean-Louis Foncine, qui jouait le père Delabre à la manière d’un nouveau Jean Gabin !

J’ai enfin le souvenir de Robert Alexandre, le premier Prix des Moins de 25 ans avec le Survivant en 1973, à qui j’avais écrit par l’intermédiaire de l’éditeur pour lui dire mon admiration envers ses romans : je venais également de lire la Parenthèse, rééditée avec justesse par les éditions Delahaye. Devenus de grands amis, nous avons correspondu pendant de longues années.

- Kraken a remporté le prix des moins de 25 ans nous en avons fait une recension sur notre site : http://www.jeuxdepiste.com/lectures_pour_tous/kraken.html

Ce prix vous a-t-il servi dans votre carrière littéraire ?

- Il faut dire tout d’abord que ma joie fut quelque peu douchée lorsque Jean-Louis Foncine m’annonça que l’éditeur avait retardé notablement plusieurs publications, si bien que Kraken ou les Fils de l'océan, initialement prévu pour septembre 1980, fut reporté en février, puis en septembre pour finalement paraître en décembre 1981. C’est pourquoi l’année 1980 ne connut pas de lauréat : j’aurais dû être celui-là ! Par la suite, le Prix des Moins de 25 ans ne fut plus jamais décerné ; tout le monde bénirait, je pense, les âmes généreuses qui le rétabliraient !

Par la suite, je dois reconnaître que ce premier roman se vendit très bien (environ 4000 exemplaires) et constitue mon best-seller depuis cette époque. Puis, le Signe de Piste passa d’un éditeur à l’autre et fut le plus souvent sujet à des rééditions, alors que j’avais d’autres romans prêts pour lui. Mais, bien entendu, même si je n’ai pas pu publier au Signe de Piste avant 2012, j’ai poursuivi ma carrière d’écrivain avec notamment des romans historiques pour adultes, l’histoire étant ma grande passion. On peut les découvrir sur mon site : www.ecrivainthierryrollet.e-monsite.com

- Vous êtes resté ensuite quelques années sans faire paraître d’autres romans, est-il indiscret de vous en demander la raison ?

- Non, pas du tout. Tout simplement, j’avais des études universitaires à mener à bien et puis, il a fallu aussi chercher du travail. Avant de m’établir à mon compte en fondant mon entreprise, j’ai été professeur de français, de sciences humaines et d’anglais (de 1985 à 1999), métier très prenant qui a ralenti ma production littéraire. Il fallait aussi chercher des éditeurs… toute une aventure pour laquelle il me fallait accumuler de l’expérience au cours des années… !

- Pourquoi ne pas avoir, à l’époque, continué de proposer des manuscrits pour Signe de Piste ?

- Tout simplement parce ses éditeurs n’ont pas voulu de ma prose. J’avais proposé un manuscrit à Alain Goût, mais il l’a refusé, même après avoir exigé des corrections qui n’ont pas eu l’heur de lui plaire, hélas ! J’ai ensuite contacté les éditions du Triomphe et les éditions Elor, qui vendaient notamment des exemplaires restés en stock de Kraken ou les Fils de l'océan. Pas plus de succès ! C’est vraiment avec Delahaye que l’aventure Signe de Piste a recommencé pour moi. J’en suis extrêmement heureux car c’est la réalisation d’un de mes plus beaux rêves ! Je me suis toujours senti un adepte, un ami sincère du Signe de Piste et de son esprit. Tant que le Signe de Piste vivra, je m’efforcerai, si Dieu me prête vie, de participer très activement à cette magnifique aventure !

- Comment s’est effectué votre retour récent dans la collection avec deux nouveaux titres ? Comment sont-ils accueillis par les jeunes lecteurs ?

-Je l’ai dit : c’est en 2012 que les éditions Delahaye ( www.carnet2bord.com ) ont repris la collection. Un jour, j’avais publié sur Internet une bio-bibliographie qu’un de mes amis s'était donné la peine de rédiger d’après des renseignements que je lui avais fournis ; j’y déplorais la disparition du Signe de Piste. Cette bio est tombée par hasard sous les yeux d’Agnès Fenart, la directrice des éditions Delahaye, qui m’a assuré que le Signe de Piste n'était pas mort puisqu’elle en avait repris le logo. Je lui ai donc proposé de rééditer Kraken ou les Fils de l'océan, ce qu’elle a accepté d’emblée. Le Signe de Piste a vraiment repris du poil de la bête en 2012 grâce aux éditions Delahaye qui, après la réédition de Kraken ou les Fils de l'océan, ont publié deux autres romans Signe de Piste sous ma signature : Pour ne plus marcher seul (inspiré de l’histoire vraie d’Ambroise Ficheux) et Le Réseau Spectre. Un 4ème roman est en cours d’édition chez Delahaye : les Pavés de l’enfer, qui évoque l’histoire plus ou moins romancée de Saint-Marc et de Simon de Cyrène.

Quant à l’accueil du public, il est toujours ce qu’il fut pour le Signe de Piste : chaleureux ! D’ailleurs, en ce qui concerne le Réseau Spectre, qui évoque les dangers d’Internet et des réseaux sociaux, il est surtout acheté par des parents et des grands-parents, qui souhaitent mieux informer leurs enfants et petits-enfants « qui passent tant de temps sur leur ordinateur ou leur smartphone » m’ont-ils dit lorsque je le leur ai dédicacé !

- Votre bibliographie est impressionnante, d’où vous vient votre inspiration dans des domaines aussi variés ? Est-ce le fait que vous avez été enseignant et à ce titre ouvert à de nombreux sujets ?

- Oui, c’est tout à fait possible. L’histoire, je l’ai dit, c’est ma grande passion. Je peux aussi y ajouter le cinéma et la chanson, du fait de mes essais biographiques sur des acteurs comme Bela Lugosi et Boris Karloff et des chanteurs comme Léo Ferré et Édith Piaf. J’ai également tenté d’approcher des genres comme la SF et le fantastique, bien qu’ils n’aient plus tellement d’amateurs en France. De plus, depuis l’enfance, je suis avide de connaissance. J’en suis donc venu à adopter ce principe de Blaise Pascal : « Puisqu’on ne peut être universel (…) il vaut mieux savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose. » D’où mon inspiration dans des domaines très variés.

- Comment sélectionnez-vous votre éditeur alors que vous-même éditez et diffusez des ouvrages (www.scribomasquedor.com ) ?

- Bien entendu, j’apprécie d'être édité, c'est-à-dire choisi, élu par tel ou tel éditeur, plutôt que de toujours compter sur moi-même. C’est justement grâce à l’expérience acquise, depuis 40 ans de flirt avec l’édition, que je peux conseiller des auteurs – c'est mon principal métier – et aussi reconnaître les éditeurs qui pourraient éventuellement – car la décision dépend d’eux – m’assurer de bonnes conditions de publication. Il y a tellement d’aigrefins dans la profession, notamment ces « éditeurs » qui disent faire payer seulement la « maquette » d’un livre à l’auteur, alors que les 3000 € qu’ils lui demandent généralement payent très largement le stock imprimé et constituent ainsi une édition à compte d’auteur abusif !

Je dois dire que j’ai toujours été publié par des éditeurs modestes et non pas par les grands éditeurs de la place parisienne, car le grand Galligrasseuil m’a refusé une bonne vingtaine de manuscrits – souvent avec une politesse bien froide qui ressemblait à du mépris, de la part de ces sociétés qui ne publient que les vedettes de la télévision ou de la politique ! Mais c’est avec les « petits » éditeurs que j’ai trouvé le meilleur accueil et les relations les plus chaleureuses.

- Depuis votre premier roman et malgré votre courte interruption vous tenez une cadence de + d’une œuvre par an... avez-vous une méthode particulière de travail ?

- Pas vraiment : j’écris comme ça me vient, maintenant que j’en ai fait un métier, avec d’autres activités qui se rapportent toutes à ce métier. J’écris le plus souvent l’après-midi, une fois libéré du courrier et autres tâches administratives. J’aime écrire en musique, ce qui stimule mon inspiration et mon ardeur au travail ; je n’ai jamais pu comprendre qu’il fallait du silence à d’autres auteurs ! Moi, au contraire, il me faut de l’enthousiasme, du rythme que j’accompagne avec mon propre clavier ! Bref, pas de méthode proprement dite, seulement de la motivation : si je n’écrivais plus, je ne serais plus moi-même !

- Nous sommes toujours curieux de mieux connaître les auteurs, vous animez, entre autre, un atelier d’écriture….comment rencontrez-vous vos lecteurs et à quelles occasions ?

- Je les rencontre soit par le biais de connaissances communes, soit grâce à mon site www.scribomasquedor.com qui reçoit plus de 30 visites par jour. Je suis en relation avec plusieurs éditeurs et c’est parfois eux-mêmes qui m’envoient des auteurs en quête de conseils, d’aide pour la reconstruction ou la mise au point de leurs ouvrages. Il est vrai que les nouvelles rencontres viennent surtout par le canal des relations communes.

- Voulez-vous nous parler de vos projets en cours ?

- J’ai encore deux romans Signe de Piste prêts pour l’édition, plus un troisième en projet.

En ce moment, je travaille surtout sur une série pour adultes en deux tomes qui évoque l’Allemagne nazie. Le premier tome, intitulé Évadés de la haine – tome 1 : l’École de la haine, paraîtra en septembre 2018 aux Éditions du Masque d'Or.

- Merci de votre patience pour répondre à ces questions.

- Tout le plaisir de cette rencontre et de cet échange fut pour moi !



Bibliographie de Thierry Rollet

http://ecrivainthierryrollet.e-monsite.com




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