Entretien au coin du Net avec...

François Villars




Michel Bonvalet


François Villars, vous êtes l'auteur de plusieurs romans scouts relatant les aventures, à travers la France, et même bien au delà, de la patrouille du Hérisson. Ces romans parus initialement chez Clovis ont étés repris par les éditions Delahaye pour venir enrichir le catalogue de la collection Signe de Piste.
Les cinq titres déjà parus ou en cours de parution sont tout à fait dans l'esprit de la collection et du scoutisme traditionnel, Trois d'entre eux ont déjà fait l'objet de fiches de lecture sur ce site. Accepterez-vous
succinctement de nous parler de vous, de votre parcours personnel et professionnel ?

Je suis le second d'une famille nombreuse et j'ai eu le bonheur de vivre une véritable enfance. Très tôt je suis entré aux louveteaux puis aux scouts. J'ai presque tout fait avec mon frère aîné sauf mon temps de chef de troupe. Je me rends compte avec le recul que nous avons vécu un scoutisme authentique, passionnant, une véritable aventure. Une fois mes études d'ingénieur terminées, j'ai quitté le scoutisme actif pour faire mon service militaire comme officier et ce fut pour moi un an de grandes vacances. J'ai eu la chance d'être commandé par de véritables chefs qui ont apprécié mon enthousiasme et m'ont félicité pour "ma passion de l'efficacité, de la formation et de l'amélioration". Ensuite je me suis marié, avec une Guide bien évidemment, et j'ai commencé une carrière dans l'industrie de l'armement, la détection sous-marine et les sonars pour être plus précis. Métier extraordinaire qui a comblé mon besoin d'action et développé encore plus mes talents d'architecte. J'ai beaucoup voyagé et j'ai pu constater que travailler à bord de bâtiments de guerre crée des liens très forts. C'est ainsi que j'ai pu entrer par la voie du cœur dans de nombreux pays et non pas en simple touriste. Plus tard j'ai effectué une deuxième carrière comme chef de projet dans l'industrie automobile. Métier très exigeant et beaucoup moins drôle qui m'a fait cependant découvrir la réalité implacable de cette industrie. Là encore quelques voyages mais cette fois dans les anciens pays de l'Est et la Chine, pays réputés pour leur main d'œuvre bon marché.
Avec mon épouse nous avons eu 10 enfants. Bien sûr tous sont scouts dans l'âme comme leurs parents et les plus grands s'engagent comme chefs. Ceci ne les empêche en rien de réussir leurs études, chez nous les garçons sont ingénieurs et les filles historiennes et enseignantes, du moins c'est la tendance qui se dégage.
        
Comment vous est venue l'idée ou l'envie d'écrire des "Signe de Piste" ?

Je fus donc louveteau puis scout et j’ai vécu la fin du scoutisme traditionnel et sa triste mutation. Je n’ai pas pu m’y habituer et rapidement avec frères et sœur nous avons rejoint les tout jeunes mouvements qui rétablissaient la tradition du scoutisme. Cependant nous avons vécu une cruelle désillusion : une première année terne dans une troupe de bourgeois a failli nous dégoûter pour toujours du scoutisme. Mais à la faveur d’un déménagement nous sommes arrivés dans une troupe naissante animée par des gens très simples. Le chef était exigeant et inconscient, il débordait d'idée et il s'est entièrement donné à sa troupe. A partir de ce moment j’ai vécu passionnément le scoutisme (ma famille également). Je fus Second, puis Chef de Patrouille, Assistant puis Chef de Troupe. Après 4 années à la tête de mon unité je laissais derrière moi une des meilleures troupes du mouvement (ça je m'en suis aperçu par la suite). Mes souvenirs les meilleurs je les tiens de mon temps de chef de troupe. J'étais à la source de l'aventure, c'est moi qui l'inventais, la façonnais et la mettais en œuvre. Vous ne pouvez imaginer quelle était ma jubilation de voir mes garçons se jeter à corps perdu dans mes jeux, mes équipées et mes camps. Leur enthousiasme était tel qu'à mon tour je me glissais dans l'aventure que j'avais moi-même crée et j'en profitais comme si j'avais l'âge de mes scouts.

Il se passe ensuite quelques années avant que mes propres enfants s’engagent à leur tour dans le scoutisme. Ils s’y épanouissent à leur tour mais peu à peu je sens que le mouvement scout s'étiole, les chefs n’ont plus la flamme et surtout les adultes entrent en force dans le mouvement et prétendent tout régenter, tout réglementer, tout uniformiser. La médiocrité gagne alors du terrain car s'il reste une flamme ici ou là, les gens "raisonnables" ont tôt fait de l'éteindre. Peu à peu on ne trouve plus du tout de ces chefs un peu fous mais entièrement dévoués à leurs garçons. Et bientôt, le monde ayant changé, plus personne ne sait réellement comment vivre concrètement le scoutisme. Pour apporter ma modeste contribution j'écris et j'illustre un manuel de forestage qui donne de la méthode et des idées. J’aide mes enfants du mieux que je peux mais rapidement je m’aperçois que la simple formation technique est insuffisante lorsque les chefs ne vivent plus un idéal et ne le proposent plus. À chaque fois que c'est possible, nous partons en raid, en bivouac mais la vie en famille ne remplace pas entièrement la vie en bande scoute. Alors je raconte à mes enfants mes camps, mes jeux, les descentes de rivière, l’ambiance des veillées, les bivouacs… c’est là que je comprends qu’il faut entièrement raconter un camp, seulement de cette façon j’arriverai à faire percevoir à mes enfants la grandeur et la cohérence du scoutisme. J’ai donc en tête d’écrire l’aventure d’un camp, j’ai largement assez de souvenirs et pendant mes insomnies j’élabore une trame ; dès que l’ensemble devient cohérent je me lance.
 

Ma tendance naturelle c’est de faire du « Bob Morane » mais pour développer l’intrigue il me faut décrire les caractères et puis faire réfléchir mes personnages. Rapidement l’action cède le pas à la psychologie et le thème du roman devient la confrontation du bien et du mal vécue dans des cœurs d’adolescents. Mes enfants ont donc été mes premiers lecteurs, par ordre d’âge. Quand j’ai eu terminé, l’aîné (16 ans) m’a arraché le manuscrit des mains et il l’a dévoré d’une traite. Il m’a fait comprendre qu’il avait apprécié. Le second (14) a pris plus de temps pour lire et a déclaré que ça serait parfait s’il y avait moins de filles et plus de mitraillettes.

Je pense alors que mon objectif a été atteint car l’un comme l’autre sont devenus d'excellents CP à la tête de patrouilles heureuses. J’ai alors donné à lire le manuscrit à ma fille (13). Elle a été enthousiasmée et l’a fait circuler dans son pensionnat.  Toutes ses copines ont été emballées et c’est ce qui m’a donné l’idée d’en faire un vrai roman.
J'ai très rapidement rencontré un excellent éditeur qui a trouvé du talent dans le premier jus de mon roman. Il a su me guider, m'éduquer pour que cette première histoire devienne cohérente et de bonne facture. Ensuite j'ai puisé dans mes souvenirs de camp pour imaginer d'autres romans. Et grâce aux conseils efficaces de cet éditeur mes histoires se sont nettement améliorées, plus besoin de corrections lourdes et de remaniement importants. Mes premiers lecteurs furent donc mes enfants, et c'est d'abord pour eux que j'écris, sachant qu'à travers eux je vise tous les jeunes qui leur ressemblent. Pour cela il suffit d'avoir le goût de l'aventure et le sens du dépassement, je sais que ces jeunes là sont encore très nombreux. J'écris des histoires d'adolescents qui ont pour cadre le scoutisme. Les scouts s’y retrouveront bien sûr mais ceux qui n’ont jamais été scouts, les citadins les plus endurcis ne seront en aucun cas dépaysés. Tout est décrit simplement sans termes techniques obscurs et la trame psychologique n’est ni plus ni moins celle d’adolescents très actuels.

Mais pour être honnête, je dois avouer que c'est bien un souci de formation qui sous tend mes romans car mon expérience montre que la méthode scoute bien appliquée est un moyen très puissant pour le développement harmonieux de la personnalité des jeunes. Sans personnalité équilibrée, pas de réel chrétien ou plutôt pas de chrétien heureux. De nos jours, il me semble que cette formation scoute devient irremplaçable.

Si donc vos histoires s’adressent à tous les jeunes, quel est ou quels sont les messages que vous leurs adressez ?


Le message qui a motivé mes histoires concerne le seul domaine du scoutisme : il montre ce qu’est un bon camp et un vrai chef. C'est là ce souci de formation que j'ai évoqué tout à l'heure. Pour la trame de mes romans je mets un point d'honneur à rester dans le réel et dans le plausible mais au-delà de l'aventure proprement dite, j'essaie de dégager un message assez fort qui pourra servir de repère ou de ligne de conduite pour les périodes difficiles de l'adolescent et là, pas besoin d'être scout. Tôt ou tard, chacun est confronté à des temps où les choses deviennent complexes, le chemin disparaît et pourtant il faut avancer dans la bonne direction malgré les événements, les influences et les passions. Bien sûr ce sont des situations que j'ai expérimentées moi-même et dans ces périodes difficiles il faut tracer soi-même son chemin. Bien souvent on se raccroche à un exemple, à une phrase… à un héro de roman. Les jeunes ont besoin de guides et de conseils aux moments critiques de leur vie. Dans les écoles (même bonnes), dans les familles, dans les paroisses on n’apprend pas tout et très souvent l'adolescent se trouve désemparé face à une situation inattendue ou insolite qui sort du cadre prédéfini où se trouvent ses repères. Le bon réflexe est alors de demander conseil. Je voudrais qu’on remarque bien le rôle du chef qui se trouve secondé par l’aumônier : en permanence il a le souci d’éduquer ses garçons dans ce sens, il les fait parler et réfléchir avec lui-même sur des sujets anodins. (D'ailleurs ce côté un peu moraliste dans mes romans paraîtra un tantinet agaçant pour certains)

La caractéristique de la jeunesse est d’être excessive. Par mes histoires les jeunes devraient comprendre que le monde, les sociétés, les individus ne sont pas tout bons ou tout mauvais, que les choses sont bien plus complexes qu'elles ne le paraissent. Il y a des nuances, des subtilités et il faut se donner la peine de les distinguer et de les exploiter dans le sens d’un plus grand bien.

À la base j'écris pour les adolescents mais il me semble (car on me l'a souvent dit) que ces histoires s'adressent à tous, même aux adultes. Dans mes histoires certains retrouvent l'enthousiasme de leurs jeunes années, certains y trouvent des moyens d'éduquer ou de communiquer avec leurs enfants. Mais je ne ressens pas le besoin d'écrire pour les adultes, j'aime enseigner, éduquer, former mais je n'aime pas me livrer et c'est toujours un peu ce que l'on fait lorsqu'on écrit pour ses pairs; En revanche, si on le compare à un adulte, l'adolescent est encore un être préservé, il croit encore à la parole donné, il est encore prompt à s'enflammer pour un idéal, l'orgueil n'a pas vraiment prise sur lui et il n'est pas encore désabusé. On peut lui parler plus directement avec beaucoup moins de détours et tout ce qui l'atteint prend une force particulière car c'est un être en transformation.

Mais de toutes ces explications, la meilleure est tout simplement que je raconte avant tout des histoires qui me plaisent dans un univers qui me plaît. Peut-être suis-je un peu décalé… ou plutôt un peu attardé.

Vous avez expliqué la genèse de vos romans mais les faits que vous racontez sont-ils réels, ces histoires ont-elle un fond réel ou bien tout est-il inventé ?

La trame romanesque de mes histoires sort de mon imagination et je n’ai pas vécu de telles aventures. En revanche les camps que je décris sont réels. Sont totalement réels également les lieux auxquels j’ai voulu garder les noms. Les personnages scouts sont également réels et je pense que si mes livres tombent dans les mains de mes camarades de l’époque certains n’auront pas de difficulté à se reconnaître bien que les noms aient été changés. Sont réelles aussi toutes les situations mettant en scène des scouts. En fait il me suffit d’organiser et de modifier un peu ces petites séquences réelles dans la chronologie du camp pour servir la trame de l’histoire. Et pour touts ces petits faits réels arrivés pendant les camps, rassurez-vous j'en ai encore un sacré stock et ce sont mes enfants qui me fournissent maintenant la matière première. Je peux donc encore écrire pas mal de romans et j’ai d'ailleurs plusieurs histoires en chantier qui reprennent l’organisation générale que je viens d’exposer. A chaque fois cela se passe à la période du camp qui est LA période propice pour l'aventure, les découvertes et les rencontres. Je dois signaler que l’élément de continuité entre chaque histoire est la patrouille, je veux dire par-là que d’une histoire à l’autre, le Chef de Patrouille qui a atteint la limite d’âge va sortir (provisoirement) de l’histoire et que des novices vont apparaître. A un certain moment c’est le chef de troupe qui sort et qui est remplacé par son assistant, les anciens CP vont devenir assistants et ainsi pour toutes les histoires. Cela donne l’avantage de faire varier les situations psychologiques et les caractères en confrontation. Mes adolescents peuvent ainsi mûrir et acquérir de l’expérience et la patrouille peut briller ou décliner.

Comment avez-vous connu la collection Signe de Piste ?
Avez-vous lu des romans de la collection ?
Lesquels vous ont le plus marqué ?
Quel auteur a votre préférence et Pourquoi ?
Avez-vous une préférence particulière pour l’un des titres ? Pourquoi ?


Je viens d'une famille marquée et formée par le scoutisme. Dans ma jeunesse, un peu partout chez moi, chez mes oncles, dans la maison de famille se trouvaient des Signe de Piste, Lorsque j'ai eu l'âge je les ai lus. Certaines histoires m'ont profondément marqué et je m'en souviens encore.

À quel moment ai-je lu mon premier signe de piste ? Sincèrement je ne m'en souviens pas, mais je n'ai pas oublié ce premier titre : Le tigre et sa panthère (dans l'édition de 1945). Puis j'en ai lu d'autres et pendant longtemps j'ai alimenté mes rêves et mes projets à ce genre littéraire. Ensuite devenant plus grand j'ai commencé à m'intéresser aux épopées des guerres contemporaines : 39-45, Indochine, Algérie.

Qu'est-ce que me plaisait dans tous ces livres ? C'est assez simple à cerner. Avant tout : de l'aventure, avec cependant une prédilection pour celle qui était à ma portée et celle qui me faisait rêver. Ensuite il me fallait un héro ou un groupe de héros avec des problèmes. Je me suis et me sens toujours éloigné du type qui sait tout et qui, sans se poser de questions, fait tout parfaitement bien ; par exemple j'avais commencé l'As des boys scout mais je n'ai jamais réussi à accrocher… trop fort le gars ! En revanche le héro qui me plaisait vraiment, celui que je préférais pardessus tous les autres c'était le héro empêtré dans un problème affectif imbriqué dans l'action du roman tout en la fécondant jusqu'à en modifier la trame.

Avec les signe de piste j'ai trouvé l'une et l'autre de ces deux composantes mais rarement les deux à la fois. L'aventure à ma dimension je la trouvais chez certains auteurs avec JL Foncine comme référence et le héro à problème je le dénichais chez d'autres auteurs dont le chef de file fut incontestablement S Dalens.
L'aventure proposée par les premiers était si réelle si mystérieuse et parlait tellement à ma sensibilité d'enfant de la forêt que j'ai imaginé et rêvé quantité de marches initiatiques, d'explorations étranges et de découvertes magiques simplement en scrutant les cartes un peu comme on lit un livre. Merci à Jean Louis et à tous les autres pour tous ces voyages fabuleux pour lesquels il a suffit simplement que je me penche sur une carte.

Les héros du deuxième groupe d'auteurs étaient suffisamment complexes et tourmentés pour que cette fois naissent et se déroulent dans mon esprit de longues chaînes de rêveries faites d'ententes et de trahisons, d'attirances et de répulsions avec des personnages écartelés entre les événements et leurs sentiments. La fin heureuse ou malheureuse n'avait pas d'importance, l'une ou l'autre issue me convenait et seul m'importait ce mélange subtil de souffrance et d'espoir. C'est ainsi que Un Tigre et sa panthère m'a fait pleurer, mais cet amour impossible a fait palpiter mon âme d'enfant. Merci à Guy et à tous les autres.


Comme vous n’êtes pas écrivain de profession vous avez une activité professionnelle, par ailleurs il me semble que vous êtes le père d’une nombreuse famille, comment arrivez-vous à concilier toutes ces activités ?
Vos livres sont très imposants, mettez-vous longtemps à les écrire ?
Comment imaginez-vous le thème et l’intrigue de vos romans ?
Faites vous des repérages des lieux décrits ? De la documentation ?


J’ai un travail bien rémunéré et intéressant, et grâce au grand Saint Joseph, j’ai le bonheur de travailler à deux coups de pédale de chez moi, j’ai donc un peu plus de temps que d’autres. Je consacre cependant beaucoup de temps à mes nombreux enfants car je considère que ma première mission est de les élever pour qu’ils deviennent des hommes ou des femmes véritables, ayant leur place dans la cité, vertueux et sûrs de leur foi. Je travaille beaucoup également à l’entretien et l’amélioration de la maison. Si mon épouse gère plus le quotidien, mon rôle se concentre sur les grosses tâches techniques : mes véhicules (qui accusent un certain âge) ne voient jamais le garagiste et peu d’artisans franchissent mon seuil. Voilà donc qu’en outre il me faut assumer cette fonction d’écrivain.

J’arrive à dégager un peu de temps pour écrire le soir lorsque tout le monde est couché mais ça ne prends pas tellement de temps au final. Lorsque j'écris des passages palpitants je ne vois pas le temps passer et je dois faire face à un torrent impétueux qui se déverse sur le clavier. En revanche le temps se traîne pendant les scènes de transition, rien ne semble avancer et pourtant il faut avancer et traiter ces parties avec un soin accru justement parce qu'elles sont moins palpitantes pour le lecteur. Pour moi il me faut être très régulier et reprendre souvent mon texte, des périodes d'écriture pas trop longues favorisent mon travail. Les génies procèdent certainement d'une autre manière.

J'observe beaucoup : dans la rue, au travail, en voyage, en course, en forêt. De temps en temps j'attrape une idée qui me paraît assez excitante pour en faire le centre ou l'élément principal d'une histoire. Ensuite je mets à profit mes rares insomnies pour imaginer la construction d'une histoire. Parfois ça rate, l'idée n'est pas assez riche ou alors je ne trouve pas d'idées complémentaires. Parfois ça prend, l'histoire prend de la consistance, les développements affluent et des idées que j'avais auparavant délaissées reviennent en force pour consolider l'histoire. Une fois à peu près vraisemblable, une histoire à besoin de trouver une certaine cohérence. C'est là que les personnages se greffent presque naturellement avec leur caractère sur ce canevas et il ne reste plus qu'à développer l'intrigue psychologique. Mes premiers lecteurs me donnent leur avis que je recueille avec intérêt et je modifie, j'affine.

La plupart du temps je connais les lieux et je m'en rappelle comme si j'y étais encore la veille. Et c'est un peu la même chose pour les personnages. Mes personnages avec leur physique et leur caractère existent presque tous. Somme toute j'invente assez peu, d'abord parce que je puise sans retenue dans mes souvenirs et ensuite parce que très souvent la réalité dépasse la fiction en originalité, en authenticité et en spontanéité. Inventer expose très souvent à tomber dans le cliché voire le manichéisme, à développer non pas de la périphrase mais de la péri-idée ou de la péri-impression, c'est très souvent accepter de servir les idées ou les impressions d'un autre. Et à chaque fois que je l'ai tenté, ça sonnait un peu faux. Vraiment la réalité est infiniment plus riche, plus complexe et plus belle que le cliché et rien ne la remplace.

Afin de ne pas dire de bêtise (mais cela m'arrive pourtant) je rassemble souvent de la documentation technique, historique et culturelle. Ce sont souvent des précisions que j'ignorais et que j'apporte au lecteur dans le but de mieux servir l'histoire et pour donner ce petit air technique qui sonne vrai.


D’autres projets en cours ? Pour Signe de Piste ?

J'ai plusieurs romans qui sont terminés et qui n'attendent plus que le coup d'œil de l'éditeur. J'en ai deux qui sont de la même veine que les quatre premiers, il s'agit d'aventures au cours de camps de la patrouille du hérisson dans la troupe de Rosnay. J'en ai un autre qui en réalité devrait faire deux tomes et qui appelle encore une suite (à imaginer et à écrire) ; il s'agit d'un prolongement de "Croix en Laponie" mais cette fois les personnages évoluent hors du contexte scout et ils sont à l'âge jeune adulte. Enfin, le dernier projet est également un prolongement "Du Corbeau de la Loue" il met en scène de jeunes adultes déjà connus et traite d'une autre question. Ces cinq manuscrits sont très avancés mais j'ai déjà des idées pour deux autres dans la veine initiale, c'est à dire une aventure avec pour cadre le camp et comme acteurs les équipiers du Hérisson.

Merci François de cet entretien complet, même si vous n'avez pas souhaité répondre au "questionnaire Proust" vous avez permis à nos lecteurs de mieux comprendre et apprécier votre oeuvre littéraire.
Nous espèrons lire encore  de nombreux  Signe de Piste relatant les aventures scoutes de votre patrouille fétiche.

Bibliographie:

Le corbeau de la Loue
Croix en Laponie
KabuK
Le dernier Camisard
Les fantômes du maquis
(à éditer)



©Michel Bonvalet 2010