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lecture
LES FRANGINS (Philippe de Baer)
par Michel Bonvalet
L'aventure touche aussi la vie quotidienne surtout quand elle ne s'écoule pas aussi facilement qu'un long fleuve tranquille !
Etre le cadet d'un grand frère pour qui la vie ne semble pas offrir un intérêt particulier, c'est une aventure en soi, surtout quand on voudrait se sentir plus proche et mieux le comprendre.
Jean-Lou et Bruno vivent dans une grande maison campagnarde, seuls, abandonnés à eux-mêmes sous la surveillance d'une vieille cuisinière qui gère le budget et s'occupe de leur quotidien. Leurs parents, des artistes renommés, courent le monde, l'un pour découvrir de nouveaux paysages à peindre, l'autre pour écrire des livres d'art. L'argent ne manque pas aux enfants sauf quand les parents oublient d'en envoyer.
Sinon, ils ont de solides ressources et si Jean Lou, le cadet, souffre de l'absence des parents et d'une vie de servitude (il fait les corvées que son frère délaisse) malgré la présence épisodique d'un oncle parrain fortuné qui se substitue aux parents, Bruno, en revanche, apprenti typographe, tue son ennui dans la bière et le tabac. Il fréquente assidûment le bistro local (chez Pierrette) et Pierrot, le fils, un gosse de 10 ans qui est en admiration devant ses performances au flipper. Cela donne l'occasion de quelques cuites et disputes qui n'ajoutent rien à l'intrigue.
Une basse vengeance due à la jalousie de petits voyous locaux va semer le trouble dans la vie des deux frères, malgré le retour des parents et le départ de Bruno pour Paris pour apprendre un métier moins "salissant".
A l'issue du roman, nous découvrirons le secret de famille qui unit et sépare à la fois les deux frangins... qui finiront par se comprendre.
L'intrigue est légère alors que Philippe de Baer (Bruno Saint-Hill) nous a habitués à d'autres rebondissements. Pas d'énigme pour nous tenir en haleine, tout est intériorisé.
Plus qu'un roman, c'est une étude de moeurs liée aux difficultés de l'adolescence.
J'ai quelques reproches à faire au roman :
- Le milieu très favorisé dans lequel évoluent
les protagonistes qui les éloigne un peu trop de la réalité
du quotidien.
- Cette absence de réelle intrigue qui en fait
un roman au bout duquel on reste un peu sur notre faim après une révélation
évidente depuis le début.
- Cette étude méritait-elle la longueur d'un livre alors qu'elle eut pu être traitée comme une nouvelle longue. L'auteur revenant plusieurs fois, entraîné par sa passion de l'écriture et le désir de se bien faire comprendre, sur la complexité des sentiments ressentis par les frères. On s'y laisse prendre en trouvant, toutefois, certains chapitres répétitifs.
J'ai aussi trouvé la manière de s'exprimer des deux frères un peu dépassée, mais l'écriture date de plus de 25 ans.
Je recommande la lecture de cette autre facette de l'auteur en sachant qu'on ne peut le juger uniquement que sur cette oeuvre. Il a fait beaucoup mieux.
Les Frangins
Philippe de Baer
Le Nouveau Signe de Piste n°92
Editions EPI. 1979
©2004 Michel Bonvalet |
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