fiche lecture N.K. mène le jeu (Michel Clair) par Alain Jamot Ah, le roman scout est un genre littéraire qui supporte difficilement la médiocrité ! Suffit pas d'aligner une patrouille en goguette, les inévitables lourdauds et autres culs de pat' un peu niais pour égaler les Hirondelles ou tailler des croupières aux Loups... Nk en est un bon exemple : l'auteur en est resté aux poncifs éculés du roman scout des années 30 et nous dévide une intrigue dont on se désintéresse assez vite: une troupe à la campagne, choc des cultures entre citadins et pécores, incompréhension mutuelle, on pointe un peu chez les Ayacks pour un mystérieux groupes d'ados du cru, on rajoute une dose de Dalens pour un jeune pâtre torturé par le choix cornélien entre ses nouveaux amis scouts et ses vrais potes de la cambrousse... Le lecteur pensera inévitablement à La Châsse de Saint-Agapit pour la dimension ethnologique des rapports entre éclaireurs, et la description miséreuse de la survie dans la campagne profonde, avec déchristianisation à la clef, fermier sadiques ou alcoolos, vieillardes hésitant entre la tragédie grecque et le vaudeville sicilien...Malheureusement, cet ouvrage ne vole pas beaucoup plus haut que le Signe de Piste évoqué : on s'ennuie terriblement, un comble pour un opus censé nous emmener bien loin de notre réalité... On se dit que l'on comprend pourquoi Fleurus saborda le SDP des décennies plus tard si son expérience éditoriale en matière de romans scouts se limitait à de tels nanards... Mais alors, me direz-vous derechef, qu'importe ce sous-Jacques Michel, ce de La Hire catho publié trop tard, à quoi bon écumer les Puces et autres vide-greniers poussiéreux à sa recherche ? Eh bien, pour une simple raison : la couverture et les illustrations intérieures de Pierre Joubert sont de pures merveilles !, comme d'hab ! Le magicien frappe encore, le Michel-Ange de Chamarande dégaîne ses pinceaux et torche une splendeur, et une curiosité : en 1953, il dessine un scout (que l'on devine de France) avec un chapeau 4 bosses, un BP hat ! Alors que depuis 44-45, seules quelques troupes de banlieues dérogent encore au béret devenu obligatoire ! Quelle pitié que l'éditeur ampute l'illustration d'un bon tiers en collant un affreux bloc bleuâtre dans les jambes de l'éclaireur visitant les ruines... Les dessins intérieurs sont dans la période "tronches allongées" époque Les Forts et les Purs et l'amateur se régale, une oasis de génie joubertien rachetant mille fois l'indigence du romancier et l'indélicatesse de l'éditeur... Oserons-nous aller au-delà de ce premier contact avec cette (cala)miteuse collection? L'avenir seul nous le dira (et les fluctuations d'Ebay.fr...) ! (les propos tenus dans cette chronique n'engagent évidemment que leur auteur, et non le site, faut pas pousser !) N.K. mène le jeu Michel Clair Collection Jean-François Editions Fleurus/Gautier-Languereau, 1953 ©2004 Alain Jamot