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LE DERNIER VOYAGE DU BILIKEN

Par Michel Bonvalet


La tempête fait rage tout au long du parcours de Valparaiso (Chili) à Nantes...Et il faut doubler le Cap-Horn pour la dernière fois.

Le Biliken résistera-t-il à cette ultime épreuve?

Son capitaine rongé par des douleurs abdominales et son équipage de matelots aguerris vont devoir lutter pendant plusieurs mois contre les éléments déchaînés et contre la malchance qui semble s'acharner sur le navire.

Mat brisé, voile déchirée, membres cassés, coliques inexpliquées et, pour finir, incendie... Tout y passe au long de cette étrange croisière et on murmure que la fille aux cheveux de feu, fille de satan,  apporte la malédiction au bateau.

Madeleine et son père, mourant, retournent définitivement en France après de longues années passées au Chili où elle est née, ruinés et porteurs d'un lourd secret que le traître embarqué à bord est bien décidé à leur arracher de gré ou de force.

Yves Karédec, le mousse s'acharne à protéger sa passagère dont il est secrètement amoureux et veille au grain.

Bernard Forbin, le capitaine en second, vaillant marin, fidèle à son supérieur, n'est pas indifférent, bien qu'il s'en défende, aux yeux verts de cette étrange fille qui n'a peur de rien.

Luce Fillol a réussi là un roman qui nous tient en haleine de bout en bout, un Signe de Piste atypique où les héros sont des gens simples luttant quotidiennement contre les éléments.

C'est un roman d'aventure. On cherche à savoir comment va s'y prendre le renégat dont on connaît d'emblée le nom et comment il sera arrêté dans son œuvre destructrice. C'est aussi un roman sentimental où l'amour a sa place.

J'ai lu ce livre d'une traite ou presque avec le même plaisir que j'avais à regarder ces films Hollywoodiens avec Errol Flynn en corsaire ou Spencer Tracy en capitaine courageux.. La description  de la tempête, des embruns qui fouettent les visages en brûlant la peau, de cette immensité sans cesse en mouvement qui fait grincer la vieille coquille de noix   résistant  tant bien que mal à ses assauts, est très réaliste. On y est...On souffre avec  ces hommes trempés, blessés, malmenés et pourtant sans cesse en alerte.

L'auteur a su restituer l'ambiance de ces bateaux au 19ème siècle, où les hommes menés à la dure pendant des mois voire  des années, éloignés de leur port d'attache et de leur famille servaient ce métier qu'ils aimaient en dépit de tout.

Les illustrations superbes de Michel Gourlier ajoutent une note supplémentaire à l'ambiance.

Luce Fillol n'a écrit que ce Signe de Piste ainsi qu'une vingtaine d'autres romans parus chez différents éditeurs pour la jeunesse (voir sa courte bio sur le site des Amis de Signe de Piste). Elle fut animatrice d'un centre social.

Ce Signe de piste est une réussite!

Le dernier voyage du Biliken
Luce Fillol
Illustrations de Michel Gourlier
Safari-Signe de Piste n°34
Éditions Alsatia 1972

©2004 Michel Bonvalet