fiche lecture


ÉCHEC AUX CEINTURONS NOIRS


par Michel Bonvalet

Le résumé figurant au dos du livre précise : "Alain et ses compagnons du "Léopard" mettront ils en échec le Caïd de la classe; Frantz et ses ceinturons noirs", et arracheront ils Michaël aux mains de ses tourmenteurs?
Gilles renoncera-t-il à son fol orgueil et répondra-t-il enfin à l'amitié maladroite mais sincère de ceux qui le connaissent mieux qu'il ne se connaît lui-même?"

C'est alléchant, cela résume assez bien la situation, mais en dépit de ces bons sentiments dont le roman fourmille, il ne m'a pas vraiment convaincu, bien que le traducteur Charles Vaudemont (Jean-Louis Foncine) ait du assouplir le texte et le marquer de son empreinte particulière.

On a du mal à croire en ce chef de patrouille tyrannisé par les durs du lycée au point d'en faire des cauchemars à répétitions. Ces durs sont bien éloignés de ceux qu'on rencontre de nos jours et ne pratiquent pas le racket ni ne dealent... Hans (Alain) ne trouvera la sérénité que lorsqu'il aura eu le courage de faire face au chef de bande, lequel met les pouces un peu trop facilement.

Un peu ambiguë aussi cette amitié contrariée entre Hans et Gilles, le beau ténébreux révolté qui passe allègrement d'une bande à l'autre sans scrupules et sans réelles raisons.

La fin, mélo à souhait, s'ouvre sur l'espoir d'une amitié sans faille entre le CP et le pirate guéri de ses fantasmes.

Le livre se lit facilement, mais on a du mal à imaginer un chef se conduisant aussi lâchement que Hans, au moins pour la première partie de l'histoire. Celle-ci, assez simple, aurait pu être traitée sur un mode plus léger, plus foncinien..

L'auteur a sans doute trop désiré nous faire ressentir les sentiments intimes de ce garçon qui finit par douter de son autorité et de ses capacités à mener les autres. Son meilleur ami restant neutre voir indifférent , c'est vers le nouveau venu qu'il va se tourner pour quémander une amitié que l'autre n'est pas enclin à lui donner.

Les illustrations de PierreJoubert relèvent le texte en lui donnant une vie qui lui fait un peu défaut.

Pour ma part, malgré de gros efforts de mémoire, j'ai eu du mal à me retrouver dans ces personnages qui sont  trop ou pas assez. Il est probable que le passé de l'auteur qui s'est expatrié après les sanglants événements de Hongrie ne contribue pas à lui faire voir la vie en rose. Il semble toutefois qu'il s'agisse d'un récit authentique des aventures auxquelles il fut mêlé durant ses années de collège?



Échec aux ceinturons noirs
Jenö Nagy
Signe de Piste n° 178
Éditions Alsatia 1966

©2004 Michel Bonvalet