fiche lecture

FOULARD NOIR (suivi de:  Le Jeu des Rois)
par Francis Maire

J'ai lu "Foulard noir". Non, en vérité, je l'ai relu. Maintenant je me souviens de ces garçons qui attendaient le courrier en espérant apercevoir une revue scoute qui, par erreur, serait passée par leur village…

Sur le coup, à 14 ans, je n'ai pas bien compris. Je ne me rendais pas compte de l'impact que pouvait avoir le scoutisme dans ces villages perdus et isolés de la France au sortir de la dernière guerre.

Plus qu'un récit sur les patrouilles libres,  Foulard noir de Jean-Marie Dooz nous replonge avec talent dans cette ambiance, nous offre un retour de quelques heures dans le passé de notre enfance (pour les lecteurs les plus âgés). C'est une machine à remonter le temps.

L'hiver, on va à la messe de minuit au village voisin, à pied, dans la neige. Les petites choses de la vie ont une toute autre valeur. L'univers, pour ces enfants, est limité au village, aux gosses de leur classe. Leur référence c'est l'instituteur.

Les bandes se créent, celle des foulards noirs, et puis l'autre. Les garçons vont en découvrant une forme de scoutisme, s'ouvrir à un monde merveilleux dont ils ne soupçonnaient pas l'existence, découvrir que l'amitié c'est possible et ça existe.

Extrait du résumé de présentation du livre:
"C'est l'histoire de l'Albatros, une patrouille de petits campagnards débrouillards qui découvrent le scoutisme après avoir lu une revue arrivée chez eux par erreur. A sa tête un extraordinaire Chef de Patrouille qui entraîne ses sept gars vers de grandes aventures. Malheureusement, sa  maladie soudaine va changer le cours de sa vie et celles de ses équipiers. On participe avec eux à la vie de tous les jours dans ce coin de Sologne et à la dure bataille du garçon en qui les siens ont cru et qui ne peut ni ne veut les décevoir. Il devra se  dominer avant  d'abandonner sa place de chef .

Un livre empli de fraîcheur, d'une étrange simplicité, qui touche et laisse songeur, tant à cause de sa claire spiritualité que de son absence d'apprêt." (sic)

La dernière page se referme avec un léger goût de nostalgie…


Il restera à lire l'autre grand Jean-Marie Dooz : "Le jeu des Rois" (Jamboree) ainsi que le roman qu'il a écrit en collaboration avec Le Gor : Manuel de la Pampa (Safari-Signe de Piste n°70).

N'oublions pas que Jean-Marie Dooz est un des nombreux pseudonymes utilisés par Jean-Claude Alain (Alain Tersen, Bernhardt Walbach), l'un des auteurs de romans pour la jeunesse les plus prolifiques et les plus talentueux.( L'équipier, La Maison du bord des sables, L'étranger dans la patrouille, Mikhaïl prince d'Hallmark, Groupe du Saint-Sang ,
Nationale 413 etc...)

C'est une garantie de qualité.




Foulard noir
Jean-Marie Dooz
Illustrations de Wilfrid Perraudin
Collection Jamboree
Éditions SPES -1953


* * *


LE JEU DES ROIS

Je ne sais pas pourquoi, mais ce livre m'a passionné, à chaque fois que je l'ai lu.

L'histoire commence de façon banale. Un camp scout comme bien d'autres, une patrouille ni plus ni moins bien que les autres, et un grand jeu qui s'annonce on ne sait comment, sûrement bien préparé par les chefs.

Mais voilà qu'un grain de sable se glisse dans ce merveilleux rouage scout : le CP a perdu l'enveloppe des consignes pour le jeu, l'itinéraire à suivre, et il ne s'en n'est pas rendu compte tout de suite !

Peu importe, un jeu c'est toujours la même chose, il n'y a qu'à suivre le vallon et on va tomber sur une autre patrouille, et tout rentrera dans le jeu, dans l'ordre.

Et c'est ce qui se passe. Enfin presque. La patrouille rencontrée est un peu étrange, les gars ont des attitudes bizarres. Tout dans la suite se passe dans un autre monde, ou en dehors du monde. On va marcher dans la montagne, en foret, éviter les villages. A travers le brouillard, on va rencontrer d'autres scouts, orthodoxes, ou russes, dans une atmosphère de ouate, de chants mélodieux et doux, de thé sous la tente.

Une grande page d'amitié se noue. Est-ce qu'on sait ? Qui sait ? Et que doit on savoir ? Jusqu'au bout l'auteur nous tient en haleine, et même si on devine le noeud du problème, il reste le dénouement.

Après une lecture aussi captivante, le dernier chapitre nous redescend sur terre, un peu déboussolés, presque déçus, déçu que ce soit fini, avec un rien de tristesse dans les yeux, un goût de dépression. Déçus comme ces patrouillards dont on partage les sentiments, jusqu'au bout.

Un grand livre d'amitié, avec le scoutisme en toile de fond, en pleine nature, en plein camp. Un style excellent, l'écriture coule, se lit sans effort, à son rythme. Pas de lourdeur. L'écriture est en accord avec l'action, elle se glisse entre montagne et brouillard jusqu'à notre entendement.

A lire absolument.

Le Jeu des Rois
Jean-Marie Dooz
Illustrations de Michel Gourlier
Collection Jamboree
Éditions SPES
1955

©2004 Francis Maire