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Lebrac, trois mois de prison
Bertrand Rothé


yan

Si on transposait en 2009 « La Bandes Ayacks » que se passerait’il ?
La police enquêterait-elle sur le vol des œufs et du saucisson du piquenique des collégiens de l’Arquebuse ?
Dans « La forêt qui n’en finit pas » les CRS interviendraient-ils pour mettre fin à la bataille de la vieille saline royale ?

Bertrand Rothé lui s’est posé ce genre de question à propos d’un très célèbre roman publié en 1912 « La guerre des boutons ».

Reprenant, très exactement, les péripéties du roman de Louis Pergaud il les a transposées à notre époque.  Et là où en 1912 il n’y avait que bagarres entre gamins de deux villages, sans grandes conséquences et une quasi indifférence des autorités, en 2009 on a droit a des affrontements entre sauvageons (ou racailles, selon les ministres en place) déclenchant : plaintes parentales, enquêtes de police, incarcérations de mineurs, procès et condamnations pénales et civiles.

Bertrand Rothé a pour sa transposition interviewé des policiers, des magistrats, un éducateur et un médecin. Il a assisté a des procès de mineurs, a un intérogatoire de jeunes par des policiers, à enquêté sur le quartier des mineurs de Fleury-Mérogis. Tout dans sa transposition est fidèle d’une part au roman de 1912, d’autre part aux us et coutumes policiciéres, judiciaires et carcérales de 2009.

Résultats des courses, Lebrac, le jeune héros de 1912, récolte en 2009 trois mois de prison ferme, ses complices des peines plus légères, tous ayant passé une semaine en préventive... et encore les juges ont paraît-il été plutôt cléments.

Une postface au roman de 2009 analyse l’évolution des mentalités et du droit en matière de délinquance juvénile entre le début du XX eme siècle et celui du XXI eme. Et contrairement à une idée couramment répandue on ne peut pas vraiment dire que l’époque est au laxisme, bien au contraire.

Il y a une question que Bertrand Rothé ne s’est apparemment pas posé:  Qu’arriverait-il, aujourd’hui, à l’auteur du roman de 1912 ?

Ce dernier qui était instituteur depuis 1901 serait-il destitué de l’éducation nationale, les parents de ses élèves feraient- ils une pétition pour demander sa révocation ?


Au lecteur de juger.


LEBRAC TROIS MOIS DE PRISON

De Bertrand Rothé  (postface de Laurent Bonelli)
Edition du Seuil
Mai 2009.



 



©2009 Yan