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LES AIGUILLES ROUGES


Francis Maire


Synopsis :
Septembre 1960. Patrick et sa patrouille, Les Aigles, sont en camp scout dans la vallée de Chamonix.
Entre 12 et 16 ans, la hiérarchie, on ne connaît pas ! Surtout chez Les Aigles... Adeptes de jeux dangereux, ils se retrouvent dans le collimateur du chef de troupe qui, à titre punitif, les envoie en randonnée pendant trois jours... Ils devront escalader le massif du Brévent, juste en face du Mont Blanc, 2 500 m d'altitude !
Patrick dirige tant bien que mal ce groupe de huit garçons que tout oppose : caractère, origine sociale, perspectives d'avenir...
Sa patrouille et lui entreprennent donc l'escalade du Brévent. Ils emportent dans leurs sacs à dos leur inexpérience de la montagne, leur insouciance, leurs contrastes, leurs histoires de filles, la lettre d'une amie, celle d'un frère militaire en Algérie
...



Je suis allé voir "Les aiguilles rouges". Mon fils qui était avec moi m'a dit à la sortie : "C'est comme dans la fiche de lecture de Brumes sur le Mézenc".
C'est vrai, il y a tous les éléments de ce livre. Sauf que ce sont dans le film des jeunes pas très polis par le scoutismes : ils chahutent, déconnent, nettement plus que ce qu'on pourrait attendre de scouts.

A mon avis ce film permet de sortir de l'image d'Epinal du bon petit scout sage, poli, toujours en uniforme, qui fait sa BA tous les jours. On est en présence de garçons turbulents, voir mal élevés. Peut-être même un peu caractériels. Des gosses de la rue comme il y en a des tas.

Le CP fait ce qu'il peut ; il supporte. Il n'y a pas beaucoup de scoutisme dans ce début. Il y a par contre un passage de révolte contre "l'ordre".. Ce qui est intéressant, c'est que cette révolte marque un passage du scoutisme de grand-papa à un scoutisme nouveau, ouvrant la porte à la réforme (en 1960, bien avant 68 !). Mais c'est une autre histoire.

Les paysages : prises de vues magnifiques sur les Alpes, le Mont Blanc mais aussi la nature sauvage du massif du Brévent, les couleurs du ciel d'altitude. Il y a aussi un aigle qui apparaît souvent, avec une mise en scène remarquable. D'ailleurs c'est ma patrouille de l'Aigle.


Il me semble que chaque personnage, chaque fait est très accentué, ce qui est nécessaire pour faire un bon film. On dépasse peut être la réalité, mais l'esprit y est.

Quel est le message ? Cette patrouille de mauvais garçons, de très mauvais scouts, sort après cette épreuve plus unie. On pouvait s'y attendre. Mais alors quoi d'autre ? Y a-t-il une autre dimension? transcendantale ? Oui ! elle est à chercher.

Après réflexion, on se rappelle que chaque garçon a trouvé dans cette patrouille, dans ce raid, une place pour s'exprimer, dire ses craintes, ses colères, ses réflexions intimes, pouvoir peut être poser, pour quelques instants son fardeau, relativiser, avoir des copains pour, au moins l'écouter, lire la lettre de son frère, s'entendre dire que son père est mort, mais que ça ne doit rien changer à leurs relations, s'entendre dire, non plus "combien tu veux pour arrêter de dire des conneries", mais "sort nous en une, ça nous fera du bien". Chacun est allé un peu plus au bout de lui même, et y a trouvé d'autres garçons aussi paumés que lui, peut être plus, peut être moins, qu'importe. L'essentiel a été cette rencontre. Je crois que c'est la force d'une patrouille, brique de base de la proposition Scoute. Je le dis pour l'avoir vécu, en vrai comme dans ce film.

Quant au CP : il est parfaitement compris et soutenu par l'officier de gendarmerie avec qui il a un dialogue super, un contact très fort, voir idéalisé. Pas de reproches en vaine morale, qui ne ferait de toute façon pas retrouver le garçon perdu, ni réparer ce que d'aucun considère comme une faute.

Une faute ? Est-ce vraiment une faute qu'a commise ce CP ? Qu'auriez vous fait, dans sa situation ? Qu'aurait-il fallu faire ? Bien malin qui peut le dire. Des années après on pourrait évidemment trancher, et dire : fallait bivouaquer au refuge, ou tenter la descente par les sentiers. Oui, bien sûr. Mais l'histoire n'aurait pas été, et il aurait manqué à chaque scout un je ne sais quoi qui fait que la vie vaut d'être vécue. Peut être des copains qui deviennent un peu des amis. On a grandi.


Les Aiguilles rouges
Un film de Jean-François Davy
avec Jules Sitruck - Damien Jouillerot
Richard Berry - Bernadette Lafont - Rufus - Patrick Bouchitey

Sortie en salles le 10 mai 2006


Pour en savoir plus:
http://www.lesaiguillesrouges-lefilm.com


   



©2006 Francis Maire