fiche lecture

Michel Bonvalet


L'ETINCELLE VIVANTE


Vladislav KRAPIVINE


Il m'est toujours très agréable de parler d'un roman de Krapivine tant cet auteur est différent de tout ce qu'on peut lire en matière de littérature d'aventures jeunesse.

Pour en apprécier vraiment la saveur, il faut faire abstraction  de toute idée de réalisme comme de science fiction telle qu'on imagine les actions se déroulant dans un monde futur fait de techniques nouvelles, d'architectures futuristes et d'habitations régies par une robotique perfectionnée à l'extrême.

Pas de super héros non plus et encore moins de mutants, de sorciers ou de situations extraordinaires.

Les histoires racontées par Vladislav Krapivine sont des histoires simples, presque quotidiennes mais qui se déroulent dans le futur, le troisième siècle de l'ère cosmique pour la trilogie du Pigeonnier dans la clairière, avec des gens ordinaires, des enfants qui ressemblent aux Ayacks comme des gouttes d'eau.

Ils ont à leur disposition d'autres moyens, ceux de leur époque, mais ce ne sont pas ceux-ci qui prédominent dans le déroulement des récits.

Certes, il y a un robot farfelu et très évolué, mais il est lui même techniquement déjà dépassé. Il pense, il fait état de sentiments et rêve de se créer un petit frère  pour se  donner la réplique. Il y a aussi les Bredouillots dont il est fait état dans l'épisode précédent "Le Pigeonnier de Villenoix" et autres créatures du type bourdons ou Clowns qui  émanent des Mannequins, extra terrestres dangereux souhaitant faire la conquête de notre monde.

Mais avant tout , l'auteur nous conte l'aventure humaine de jeunes garçons désireux de sauver leur Univers et la simplicité de leur mode de vie.

On est loin de la science-fiction, plutôt dans le domaine du pur imaginaire où Krapivine prend un plaisir évident à nous promener tout en nous laissant deviner entre les lignes sa vision  du monde  actuel et des dangers de l'évolution de l'humanité.

Et puis il y a ces déchirures spatio-temporelles qui permettent de passer d'une époque à une autre (déjà décrites dans le Pigeonnier puiqu'elles ont permis d'enlever Iaroslav Rodine)

Il faut lire Krapivine comme on lit Foncine dont il a parfois les accents et ce style clair et aisé qui est le propre des grands conteurs.

Soulignons encore une fois le travail des traducteurs qui ont su conserver ce style en le françisant et rendre le texte très "Signe de Piste", c'est à dire à la portée de qui veut se donner le mal de pénétrer le monde onirique de l'auteur.

L'étincelle vivante nous fait vivre les aventures de Helki (Hélios) élevé par une grand mère sévère et une tante autoritaire en l'absence de ses parents qui travaillent à l'étranger, de Youri, petit dur au coeur tendre, de Yannick musicien et petit fils de musicien dont l'archet magique peut obtenir des sons harmonieux de n'importe quel objet, d'Attila, un robot échappé de l'exposition technique scolaire et d'Edouard, un journaliste arrivé dans le wagon qui leur sert de cabane par une déchirure du temps.

Une petite bande sympathique qui s'est mis en tête de créer un robot enfant en appliquant les recettes d'Attila, pour tenir compagnie à celui-ci.

Ils vont ainsi créer une étincelle vivante qui n'est rien moins que la réplique de notre galaxie.
A l'infiniment grand répond l'infiniment petit...

Mais en jouant les créateurs, ils vont attirer la convoitise des clowns, ennemis dangereux venus d'une autre planète....

Qui sauvera  l'étincelle vivante ?

Les personnages sont hauts en couleurs, comme seul Krapivine, ce poête sait en créer.

Le troisième tome à venir coordonnera sans doute les aventures de la petite troupe et du Scadériste héros du Pigeonnier ?

Trilogie du Pigeonnier dans la clairière jaune
L'Etincelle vivante

Vladislav Krapivine
traduction de François Doillon et Tatiana Palma
Illustr
ations de E.Sterligova
Éditions Delahaye 2006


Vente : www.carnet2bord.com
 


©2008 Michel Bonvalet