NATIONALE 413

Jean-Claude Alain est un grand écrivain.
Jean-Claude Alain est un écrivain prolifique et les collections pour la jeunesse lui doivent de nombreux chef-d'oeuvres tant pour Signe de Piste que pour Jamboree.
Qu'il écrive sous son nom : L'étranger dans la patrouille, La maison du bord des sables (dans L'ombre d'un autre), L'équipier, Shawn la Baleine, Sol y Sombra...
sous le pseudo de Jean-Marie Dooz : Le jeu des Rois, Foulard Noir...
celui d'Alain Tersen : Le fugitif, Les clowns, La photo écossaise...
ou celui de Bernhardt Walbach : La passion de Marc Meilleraye, Le pays sans chemins, Nationale 413.
Pourtant ce dernier roman, une ode à la grande musique, m' a laissé sur ma faim.
Le prologue tout d'abord, où Jean-Claude Alain, alors directeur de la collection Jamboree, tresse une couronne de compliments au livre de Bernhardt Walbach, donc à lui-même, m'a interloqué. Habile manœuvre d'écrivain ? façon originale de se dédoubler pour se complimenter, ou clin d'œil au lecteur collectionneur ?
Le livre lui-même conte la rencontre de deux musiciens de quinze ans. L'un, René, issu de famille aisée, se passionne pour la musique classique, l'autre, Bob, venu de la France d'en bas, véritable petit phénomène incompris de sa famille, ne jure que par le jazz.
Cliché certes ! Mais les adolescents comparent leurs passions respectives et les parents de René, séduits par la gentillesse de Bob et l'amitié qu'il a su inspirer à leur fils, mettent tout en œuvre pour lui permettre de développer son don de musicien. Ils vont même jusqu'à convaincre les parents du jeune prodige.
Un concours de création d'opéra, récompensé par le prix de la reine des Pays-Bas, va départager les talentueux solistes compositeurs, isolés pendant deux mois dans un chalet suisse. René découvrira le génie musical de son ami et en tirera quelque jalousie superficielle, son amitié demeurant la plus forte.
Nationale 413, c'est la route où meurt le Prince Eric (La mort d'Eric de Serge Dalens), car l'opéra créé par Bob a pour thème la vie et les derniers instants du Prince de Swedenborg.
(L'évocation sur le forum d'une mise en opéra du Prince Eric serait-elle une réminiscence de la lecture de Nationale 413 ?).
Jean-Claude Alain fait dans ce livre un nouveau clin d'œil à Serge Dalens, comme il l'a déjà fait en créant Mikhaïl, Prince d'Hallmark. Il est coutumier du fait.
Le roman est intéressant par l'amitié, l'évocation de la musique, et la légèreté du texte jamais assommant, mais je l'ai trouvé un peu puéril par certains aspects : les adolescents sont trop policés, les illustrations de Jef de Wulf (limite tendancieuses pour certaines) ne leur donnent pas de relief comme aurait pu le faire Pierre Joubert.
Ce livre permet de mieux connaître l'œuvre de l'auteur, mais il m'a un peu laissé indifférent.
Il mérite quand même une fiche de lecture, car un autre y retrouvera peut-être le punch de Jean-Claude Alain !