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LA TABLE DE TACFARINAS (X. B. Leprince)

par Francis Maire

Un incontournable de X. B. Leprince.

Dès la première partie, on est plongé dans un coté mal connu de la vie militaire : les écoles, leurs coutumes, leurs langages. Tout cela décrit avec infiniment d'humour, mais aussi de charme voire de tendresse pour cette petite héroïne, Aurèle, élève de la terrible école des filles de la Légion d'Honneur. Ecole crée par Napoléon pour que les enfants de ses officiers reçoivent une bonne instruction, pendant que lui les employait à guerroyer aux frontières de l'empire.

L'école des filles de la Légion d'Honneur et les prépas garçons, futurs Saint-Cyriens, se rencontrent traditionnellement au cours d'un bal. C'est ainsi qu'Aurèle et Bernard font connaissance, et ce n’est pas simple. Rien ne sera d’ailleurs simple dans cette relation.

Aurèle est une fille attachante, et malgré son esprit indiscipliné ou trop fougueux pour se sentir à l'aise dans des règlements stricts, on ne peut s'empêcher de l'aimer.

Les deux jeunes gens se retrouvent sur la route de Tunisie, par le plus grand des hasards : l'un rejoint ses parents qui exploitent une mine à la frontière algérienne, l'autre rejoint son père qui commande un régiment de la Légion.

Et nous voilà engagés, simples lecteurs, dans la Légion, au côtés de Schramm, dit "Barberousse", à l'ombre de la Table de Tacfarinas, à siffler un boudin triomphal !

L'intrigue se noue, sur fond de conflit naissant et de terrorisme. Elle se dénoue, avec de grands seigneurs, nobles guerriers berbères et non moins nobles soldats de la Légion. Si la vie de la troupe est décrite avec des détails surprenants, des anecdotes qui fleurent l'authenticité malgré l’aspect extravagant, le roman n'est en rien un récit de guerre, de bataille, et encore moins un livre militaire.

X. B. Leprince nous livre en prime quelques chapitres sur la vie de ces "enfants de troupes", élèves de la Nation, leurs traditions, leurs coutumes et leur langage imagé.

Dans un style inimitable, de rebondissement en rebondissement, sans jamais se départir de son humour, il nous fait vibrer, après la vie d'internat, au rythme du clairon de la Légion, des marches dans la nuit et de l'attaque au petit matin, mais toujours aussi au rythme du cœur d'Aurèle.

Beaucoup d'autobiographie sans doute de la part de X B Leprince, officier lui même, et qui ,en tant que fils d'officier, a suivi durant son enfance les régiments que commandait son père. Il l'avoue lui même : si les personnages sont totalement inventés, les situations sont par contre entièrement réelles.

L’auteur, sous ses trois pseudonymes de X. B. Leprince, Eric Muraise et Jim Cobbler a publié de nombreux ouvrages, presque tous aussi intéressants que La table de Tacfarinas. A chaque livre un pays différent. Chaque histoire recèle son pesant de pittoresque, sur fond historique. Le style est vivant, les personnages attachants, bien plantés. L'écriture est souvent poétique, toujours empreinte d'un humour bien dosé, sous-tendant de nobles sentiments : grandeur d'âme, dépassement de soi, amitié.

Un auteur qui a marqué le Signe de Piste, à ne pas oublier, à ne pas négliger.

Autres titres :
- Karakoulée.
- Les signes de l'Empire.
- Le raid des 4 châteaux,
suivi par La 9ème croisade.
- Le crapaud d'Ambre jaune.
- Cavaliers des ténèbres.
- Le Tesbi de nacre.
- Le chant des abîmes.
- La croix d'Agadès.
- L'épée de Malte.
- Guillery de Saint Grill


Et les 3 Jim Cobbler, aventures de la famille Boishardy :
- Au vent des Caraïbes
- La bête sans nom
- Le pays des géants couchés (Arizona story).

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©2004 Francis Maire