|
ET SI VIEILLIR…
Nouvelle de Chritia Norge
Janvier 2004
Chapitre Premier
- Papa, Papa, oncle Christian a appelé, il a dit qu'il venait pour
Noël…
Un petit garçon blond comme les blés, vient de débouler
dans le bureau de son père, rouge et essoufflé de sa course,
avec sur son visage, un sourire éclatant, témoin d'une joie
non dissimulée.
- Papa, tu m'écoutes ? Oncle Christian sera la pour Noël, t'es
content hein ?
Le père, un homme d'environ 35 ans, aussi blond que son fils, lève
les yeux et sort de sa lecture. Il sourit à l'enfant.
- Bien sûr que je suis content, depuis le temps que l'on ne s'est
vu. A-t-il dit s'il venait seul ou avec Marianne et les enfants ?
- Je ne sais pas, c'est maman qui a repris le téléphone après,
il faut que tu lui demandes.
- Très bien, j'irai lui demander, et toi Yngue, si tu allais prévenir
oncle Jef.
- J'y vais.
Yngue bondit vers la porte et son père se lève pour rejoindre
sa femme.
- Mina, Christian t'a dit avec qui il venait ?
- Toute la famille sera la, Marianne, et les petits Eric et Philippe.
- Tant mieux, depuis qu'il est ambassadeur en Thaïlande, nous n'avons
plus guère d'occasions de nous voir, et Noël, ne serait pas
Noël sans les enfants.
- Dis, on le fête où cette année ?
- Oh, j'ai oublié, Henrik a appelé, on est tous invités
chez katryn, elle veut voir chez elle tous ses petits enfants.
- C'est noté, Dis tu appelles Jef pour le prévenir ou j'en
parle à Solveig ce soir au cours de dessin ?
- J'ai déjà envoyé Yngue.
Il rajouta après quelques secondes de silence :
- J'y pense, il est 16h30, il faut que j'aille chercher Micha à
son cours de piano.
Le père prend son pardessus et son parapluie et sort chercher son
fils.
*** ***
Au même moment Yngue arrive chez son oncle.
- Oncle Jef ! Oncle Jef ! Oncle Christian vient pour Noël, Papa m'a
dit de te prévenir, Oncle Jef, Tante Solveig, vous êtes ou
?
- Dans le salon ! répond une voix masculine.
L'enfant les rejoint. Jef D'Hilssen a aujourd'hui 35 ans, malgré
les épreuves traversées et les pertes éprouvantes, l'ancien
page a toujours un sourire aux lèvres quand il voit son neveu.
Lui-même a fini par épouser Solveig, tendre amie d'enfance
et leur couple a été béni de deux enfants, Katrina puis
Sven ayant respectivement 10 et 8 ans.
Les jumeaux, Yngue et Mikail ayant un an de plus que leur aînée,
les enfants des deux familles sont souvent réunis.
- C'est une bonne chose, dit Jef, nous n'avons que trop peu de nouvelles.
Puis se tournant vers l'enfant.
- Yngue, va voir dans la cuisine, mamie te fera un bon chocolat, elle est
déjà là avec Katrina et Sven.
L'enfant quitta la pièce et Solveig Prit la parole :
- Jef ! Comprends que c'est dur pour lui de nous voir tous, de se souvenir
du passé, et Alain….
- Je sais, Christian a vu le visage de la mort si souvent durant toutes
ces guerres et celle-ci fut une fois de trop, c'est une bonne chose qu'il
vienne, peut-être a-t-il enfin exorcisé ses démons
- Il se sent toujours coupable…
- Il n'y a pas de coupable, c'était la guerre.
Chapitre Second
24 Décembre 1957, le feu brûle dans la cheminée, les
rires fusent autour de la table, les enfants courent dans les couloirs de
la grande maison de mamie Katryn.
La porte s'ouvre sur un homme, ses yeux lui donnent 20 ans, ses cheveux
blancs, près de 50, il en a 35, c'est Christian D'Ancourt, un large
sourire sur les lèvres.
- Joyeux Noël tout le monde, on est arrivé !
- Joyeux Noël, Oncle Christian, rugirent les enfants.
- Entre vite Mon garçon, dit Henrik, Marianne, toujours aussi belle…
Où sont tes petits monstres.
Deux frimousses malicieuses apparaissent dans l'embrasement de la porte,
les cheveux et les vêtements maculés de neige.
- On est là oncle Henrik !
Et les enfants de bondir sur le vieil homme. Alain, lui, entre calmement
dans la maison; Katrina lui souri et lui prend la main. Solveig l'embrasse
tendrement.
- Donnes-moi ton manteau Alain et vient prendre un lait de poule chaud.
Christian Embrasse Katryn, et Solveig puis se retourne pour être
face à Jef.
Leur poignée de main est emplie de force et de tendresse, les amis
se retrouvent après de longues années et une seconde dans
leurs yeux, ils retrouvent aussi leurs quinze ans.
Les discussions, reprennent, aussi joyeuses mais empreintes d'une attente,
d'une impatience nerveuse.
Seulement quelques minutes se sont écoulées quand la porte
s'ouvre à nouveau, mais elles ont paru des heures à Christian.
Une jeune femme entre d'abord, accompagnée de deux jeunes garçons
en tout points semblables.
- Bonsoir Mina, et joyeux Noël, Bonsoir les jumeaux ! dit Christian
Mina sourit, l'embrasse sur la joue et lui glisse à l'oreille
- Il gare la voiture et amène les cadeaux, va l'aider.
Christian ne se fait pas prier, enfile sa veste, donne un baiser à
son épouse et sort.
*** ***
- Tu as besoin d'aide ou ton altesse a assez de bras pour tout porter.
- Christian, enfin tu es là !
Eric lâche ses paquets et tombe dans les bras de son ami.
- J'ai eu peur que tu ne nous lâches au dernier moment.
Un voile triste passe furtivement devant les yeux de Christian.
- Pas cette fois vieux frère, pas cette fois.
Ils ramassent les paquets et rejoignent leurs amis près du feu.
Chapitre troisième
La fête bat son plein, à minuit, les petits et les grands
ouvrent les cadeaux et c'est une joyeuse pagaille de papiers brillants volant
en tous sens dans la pièce.
Mina et Marianne tentent désespérément de limiter
les dégâts, faisant la chasse aux emballages vides mais les
enfants et leurs pères ne les aident pas, déclenchant une
partie de football improvisée en compressant les emballages. Et la
pagaille reprend de plus belle, Solveig, ayant apporté le café
vient a la rescousse et nous assistons maintenant à un match classique,
hommes contre femmes.
Mais les enfants se lassent vite et repartent ouvrir leurs cadeaux, à
qui ce paquet rouge, à qui cette poupée, à qui ce parfum,
et j'en passe….
Cependant, il manque un paquet, un paquet pour Alain, le filleul de Christian,
qui vit avec lui depuis le décès de ses parents.
Le cadeau est offert par Eric et c'est une magnifique luge en bois. L'enfant
ébahi, sourit et veux l'essayer de suite et les convives n'ont pas
le cœur de lui refuser.
A minuit et demi donc, on allume toutes les lumières et tous sortent
pour tester la luge.
Les enfants se relaient sur l'engin, on entend force de cris, on voit les
plus belles chutes et on admire les cascades des "grands" qui n'ont pas
voulu être en reste.
Et c'est Jef qui se lance dans un magnifique descente, impeccable de la
colline puis Solveig s'y colle et même Katryn et Henrik qui retrouvent
leur jeunesse tant ils rient.
Puis Eric et Christian veulent descendre ensemble, on croirait que ce sont
eux les enfants tant leurs vêtements sont maculés de la neige
du magnifique bonhomme blanc qu'ils viennent de construire et que Katrina
et Mina tentent de finaliser à grand renfort de boutons et de carottes.
Les voilà nos deux gosses qui s'élancent, et cherchent à
épater la galerie avec leurs acrobaties.
Immanquablement, ils chutent dans une grande gerbe blanche mais Eric est
déjà debout voulant reprendre la descente, cependant Christian,
lui, ne se relève pas.
*** ***
- Allez, ne fais pas l'enfant, debout faignant.
Mais voila, Christian, reste étendu dans la neige, face contre terre.
- Christian, lèves toi maintenant, arrêtes tes pitreries,
moitié de loup dit Jef en riant.
Eric qui l'a rejoint ne rit plus, il est même devenu très
pale en regardant le visage impassible de son ami.
- Christian, réveilles toi, Jef, il ne réagit pas, Christian
réveilles toi, Christian je t'en prie, ne fais pas l'idiot
- Calmes toi Eric, Calmes toi, j'arrive dit Jef
Mais Eric, n'est pas calme, il panique. Et tous de dévaler la pente,
les rires ont fait place à la peur.
- Christian, réveilles- toi !
Il secoue son ami, incapable de maîtriser sa frayeur
- Christian, je t'en prie, CHRISTIAN…
|
|
|
|