Reportage:

L’AVENTURE PASSE PAR LA B.D. !
Visite à la cathédrale de la bande dessinée

   

par Michel Bonvalet

Mes vacances 2004 m’ont conduit en Belgique pour un voyage souvenir à Bruxelles et quelques jours pour découvrir Bruges, la Venise du nord, dont rêvait mon épouse.

Avant de découvrir le charme de cette cité, dont j’ignorais encore que j’allais en tomber amoureux, je profitais d’un soleil exceptionnel pour me fondre dans le Bruxelles où j’avais passé de nombreux et bons séjours au cours de vacances, après guerre.

Mais même désoeuvré, le livre d’aventure occupe mes pensées.

Je suis fan de BD depuis ma petite enfance, je m’y suis même essayé sans succès.

Quoi de plus naturel, alors, de profiter de mon passage pour me rendre en quasi pèlerinage au Centre Belge de la Bande Dessinée, rue des Sables à Bruxelles.

Et quoi de plus naturel d’en relater ma visite et mes impressions pour les amateurs  curieux qui suivent notre site !

Le CBBD est installé dans d’anciens magasins  textiles dont l’architecture a été conçue par Victor Horta, pionnier de l’Art nouveau et responsable de la création de bâtiments utilisant avec virtuosité le fer, la pierre et le béton. (Hôtels Solvay, Aubecq, maison Horta, palais des Beaux-arts…)

Quoi de plus normal que le temple de la BD se trouve à Bruxelles dont l’école a fournie la plupart des grands noms contemporains du phylactère.
La façade ne paye pas de mine parce que les immeubles de la petite rue, dominée par une statue d’un Gaston Lagaffe géant, sont en réfection. Mais une fois pénétré dans le hall on est saisi, à la fois par l’originalité de l’architecture, et l’ambiance familiale et studieuse qui règne dans les murs.

Au rez de chaussée, un magasin de vente accueille les visiteurs…Tous les derniers albums sont disponibles ainsi que posters et dérivés (statuettes, porte-clefs etc.…) des héros de notre enfance et des derniers en date.
Pour les amateurs et les scientifiques, une bibliothèque de 25000 titres permet, moyennant une somme modique, de compulser et de lire autant d’illustrés que l’on veut…

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Prévoir plusieurs heures si on accompagne un fan !


A l’étage commencent les expositions.
J’ai bien sûr en premier lieu rendu une visite en forme d'hommage  à Hergé, dont le buste de son héros Tintin vous accueille et vous souhaite la bienvenue.

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J’avais pour la circonstance revêtu la tenue du chevalier de Hadoque, comme il se doit, tandis que Michèle, notre secrétaire d’association et mon épouse, par ailleurs, posait en compagnie de Tintin, du capitaine Haddock et du professeur Tournesol. Egalement devant la reproduction petit format de la fusée d’On a marché sur la lune !

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Mais c’est au travers de l’exposition consacrée à Edgar P. Jacobs que j’ai réalisé combien nous étions, amateurs de livres d’aventures pour jeunes, redevables envers ce brillant scénariste et dessinateur dont les albums voisinent sur les rayons de ma bibliothèque peu éloignés des livres de ma collection Signe de Piste.

Ils font partie de ces ouvrages qui remplissent ma bibliothèque de bureau, car j’aime à les feuilleter, les manipuler, les relire, et je suis plus souvent dans mon bureau que dans mon salon où les étagères ne présentent que des livres « pour adultes » (sans carré blanc). Seuls mes intimes ont accès à mes trésors littéraires !

La rétrospective Jacobs ?  Partant de ses dessins d’enfants, des décors et costumes de théâtre (EPJ chantait l’opéra), de ses maquettes d’affiches publicitaires, de sa collaboration avec Hergé sur quelques albums (Le Sceptre d’Ottokar, en particulier) jusqu’aux célébrissimes Blake et Mortimer, nous découvrons avec émotion l’évolution d’un créateur tourné vers  cet art souvent méprisé par les « vrais » artistes.

Plus rigide qu’un Pratt, plus méticuleux qu’un Hergé, il a su trouver et garder longtemps la place de maître es fiction.

Les aventures de ses héros sont sérieuses, basées sur des faits scientifiques et se déroulent dans des lieux réels minutieusement décrits et reproduits.

Ses dialogues percutent malgré quelques longueurs et des explications ou descriptions qui rebutent parfois l’amateur. Mais n’est-ce pas là le propre de son style ?

Un travail d’orfèvre, plein de prouesses, de mystères, d’énigmes dans lequel perce une pointe d’humour anglais. Ne s’est-il pas caricaturé lui-même pour servir de modèle au captain Blake, honorable agent du MI5 au service de la reine ?

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Lui et son old fellow, le professeur Philip Mortimer nous ont fait rêver à travers un monde présent, passé et futur, toujours menacé par l’infâme colonel Olrik, et ses commanditaires.

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L’œuvre est poursuivie au-delà de la disparition du créateur, dans le même style et dans le même esprit par de nouveaux scénaristes (Van Hamme ou Yves Sente) et dessinateurs (Bob de Moor, Ted Benoit et André Juillard)…Non des moindres !


Comment ne pas inclure dans un site réservé au roman d’aventure tous ceux qui, patiemment oeuvrent pour notre plaisir, rivés à une planche à dessin et ceux-là qui, parfois écrivains de renom, découpent minutieusement leur récit en planches et en cases avec phylactères pour mieux nous le faire apprécier.

Comment oublier Hergé, Roi indétrôné de la BD belge (ligne claire) qui a entraîné Tintin à travers le monde pour le bonheur des jeunes de 7 à 77 ans, Franquin son merveilleux Marsupilami et Gaston son aventurier de bureau ?

Il faudrait les citer tous mais ce serait trop long et je compte bien au fil du temps les faire mieux connaître, au moins ceux qui ont vraiment participés au roman d’aventure en parlant un peu plus de leurs œuvres et en créant des liens avec les différents sites qui leur sont particulièrement consacrés.

Le CBBD les présente tous, avec une prédilection évidente pour les Belges et ceux qui ont participé aux aventures des journaux Tintin, Spirou, Pilote etc..

Même la BD pour adultes, parfois un peu trop légère à mon goût, y est représentée (discrètement)

On y rencontre aussi le même esprit que la littérature qui nous a réuni. La première bande d’Hergé, qui dessinait pour la revue scoute belge, a été « Totor CP de Hannetons » On peut difficilement nier l’influence du scoutisme sur les auteurs et les illustrateurs. J’ai relevé Les 3 A avec l’insigne scout dessiné par MiTacq, qui illustra un Signe de Piste et La Patrouille des Castors.
Ce dessinateur, fervent admirateur et disciple de Pierre Joubert a  disparu en 1994, laissant les Castors et leurs fans orphelins.

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Il y a quelques années, le CBBD avait organisé une expo Joubert avec beaucoup de succès, on peut quand même regretter l’absence de dessins du maître, au moins pour la seule BD qu’il a créée : Pouf et Sulfate.

Dans cet esprit d’aventure le musée nous fait assister à la naissance et au développement des deux grands hebdomadaires illustrés : Tintin et Spirou,

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ainsi que la mise en planche d’une BD en partant du scénario et des premiers croquis jusqu’à la mise en couleurs sur les tirages au bleu.
De même sont présentés des cellos des dessins animés réalisés par les studios Belvision (Tintin, Astérix, Lucky Luke  etc …), exposés sur un banc de montage sur lesquels des spécialistes amateurs s’entraînent et ne cèdent pas volontiers leur place.

En outre, lorsque j’ai visité le CBBD, une exposition extraordinaire de la bande dessinée chinoise  attirait un grand nombre de curieux…Du très grand art !

Bien sûr, on pourrait penser que cette visite ne s’inscrit pas dans nos préoccupations et qu’elle est éloignée du roman d’aventure. Il n’en est rien.
Si bon nombre d’auteurs ont exprimé leur soif d’aventures à travers l’écriture, d’autres ont retraduit ce désir avec la même émotion à travers leurs dessins.

Si Pierre Joubert n’a pas pris cette voie, où il se sentait moins à l’aise que dans l’illustration de texte, pour nous faire découvrir son génie, il est très proche des dessinateurs de BD dont certains font preuve d’un immense talent que ce soit par le dessin ou l’humour.

Je recommande à quiconque passe par notre capitale européenne, Bruxelles, de consacrer quelques heures au musée de la bande dessinée, il en sortira ravi. Et puis si vous avez un peu de temps devant vous, effectuez, à pieds, la tournée des fresques murales réparties dans le centre ville (il y en a une trentaine), chacune illustrée par un auteur. (de Boule et Bill au Chat en passant par Blondin et Cirage…autant de héros qui fleurent bon l’enfance).

Bruxelles mérite bien sa place de capitale de la BD et les Bruxellois sont aussi fiers de leurs auteurs que du Manneken pis qui attire toujours autant de touristes.

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A quand un vrai musée de Signe de Piste… ou du roman d’aventure ?
Mais peut-être avons-nous entamé ce processus en créant notre site  jeux de piste ?



Mic



Quelques liens  intéressants:

http://www.terravista.pt/bilene/1280/jacobs-f.htm
http://www.brusselsbdtour.com/cbbd_statue_herge.htm
http://www.objectiftintin.com/
http://www.bdoubliees.com/journalspirou/index.html
http://franqestmod.free.fr/

http://www.jacobs2004.net
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