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Reportage:
GASTON LAGAFFE A PARIS
Exposition
FRANQUIN à La Villette
Michel Bonvalet
On s'échappe un
peu de l'esprit de l'aventure telle que nous l'avons conçue sur
ce site, mais il était difficile à un amateur de
littérature pour la jeunesse de laisser passer cette manifestation
exceptionnelle sans en parler aux nombreux amateurs de BD.
En effet, qui n'a pas un jour, suivi les aventures
de Spirou et Fantasio, ri aux exploits de Gaston Lagaffe ( avec
lequel certains spécimens de patrouillards gaffeurs et débrouillards
ont quelques affinités...ils se reconnaîtront eux-mêmes)
et rêvé de l'animal mythique et fantastique issu
de l'imagination d'un créateur de génie : le Marsupilami
?
Dès mon enfance j'ai eu la joie de lire les
aventures de Spirou au moment ou Franquin prenait la relève
de Jijé qui lui-même avait succédé à
Rob-Vel.
Conquis par la patte et l'humour du dessinateur,
je suis devenu accro et collectionne depuis les albums Spirou, les
Gaston et plus tard pour ma fille, les Marsupilami
.
C'est dire combien la disparition de Franquin en
1997 m'a profondément touché.
La cité des Sciences à la Villette
rend hommage à cet auteur dont l'humour imaginatif et parfois
corrosif (voir les idées noires ) s'allie
à un trait fort et si personnalisé qu'il le rend
unique.
Cette exposition se déroule jusqu'en août
2005.
Il m'a semblé
que les amateurs d'aventures pouvaient accueillir ce court reportage
et pouvaient être sensibles à une visite guidée
pour rendre hommage à quelques uns de leurs héros
préférés.
Mais retraçons ici la vie
d'André Franquin en quelques dates:
-3 janvier 1924 : naissance d'André
Franquin à Bruxelles.
-1942 : il fréquente les cours supérieurs
de décoration de l'école Saint Luc.
-1944 : repéré par Eddy
Paape (Marc Dacier, Luc Orient, Valhardi), Franquin est
embauché au studio de dessin animé CBA. Maurice de
Bevere (Morris, créateur de Lucky Luke) y travaille
déjà, tandis que Pierre Culliford (Peyo créateur
des Schtroumpfs et de Johan et Pirlouit) y travaillera
juste avant la faillite du studio.
-1945 : Franquin est introduit par Morris
à l'hebdomadaire Le Moustique. Ses dessins
sont également publiés dans Bonnes Soirées
et Plein-jeu.
-1946 : Franquin rencontre Joseph Gillain
(Jijé, créateur de Blondin et Cirage, Valhardi
et de Fantasio) qui l'introduit au Journal de Spirou
à Marcinelle (Belgique)
- Printemps 1946 : Le Tank permet à
Franquin de se tester sur Spirou et Fantasio. Il les reprendra
définitivement en mai. Il s'installe chez Jijé à
Waterloo.
-1948 : voyage aux États-Unis et au
Mexique
-1950 : mariage avec Liliane Servais.
-1952 : Spirou et les héritiers, naissance
du Marsupilami et de quelques inventions fumantes.
-1955 : Création de Modeste et Pompon
pour le journal Tintin.
-1957 : Première apparition de Gaston
dans Spirou.
-13 juin 1957 : Pour le millième numéro
de Spirou, Franquin réalise un dessin
de couverture comptant 999 têtes de Spirou et une de
Gaston.
-1957 : Gaston devient héros
à part entière, cette même année Franquin
crée Le petit Noël.
-1968 : Panade à Champignac
marque les adieux de Franquin à la série Spirou
et Fantasio. Commence alors l'âge d'or de Gaston.
Prunelle remplace Fantasio. La Fiat 509
jaune à damiers, l'agent Longtarin, la nature,
la vie urbaine et la musique animent les gags.
-1970 : Franquin dessine ses premiers monstres.
-1971 : Lagaffe multiplie ses inventions
farfelues.
-1974 : Grand prix du festival d'Angoulême
pour l'ensemble de l'œuvre de Franquin.
-1975 : Franquin rejoint Will, Macherot et
Delporte pour créer Isabelle.
-1975 : Hérgé, modeste, déclare
à Numa Sadoul :" Comment peux-t-on nous comparer ? Lui,
c'est un grand artiste, à côté duquel je ne suis
qu'un piètre dessinateur."
-1977 : Premières Idées Noires
parues dans Le Trombone illustré.
-1978 : création d'Arnest Ringard
et de la taupe Augraphie avec Delporte et Jannin
au dessin.
-1982 : des soucis de santé obligent
Franquin à mettre sa carrière en veilleuse.
-1986 : Prix national des arts graphiques.
-1987 : assisté de Batem (Luc Colin)
pour le dessin et de Greg (Michel Regnier) pour le scénario,
il lance le Marsupilami en solo.
-1989 : mise au point de l'univers des
Tifous pour un dessin animé.
-5 janvier 1997 : André Franquin meurt
l'année du quarantième anniversaire de Gaston
Lagaffe.
Dès qu'il a repris les aventures
de Spirou, Franquin, passionné par la technique et les
revues scientifiques, introduit quelques unes de ces inventions fantastiques
dignes d'un Léonard de Vinci. Elles sont présentées
en vrai à l'expo: Le Fantacoptère, le Zantajet, la
machine volante de Zorglub et surtout la Turbotraction chef d'œuvre
de modernisme, d'aérodynamisme et d'avant-gardisme.
C'est, je pense, à ce titre que le dessinateur
mérite sa place à la Cité des Sciences.
.Sans
oublier l'invention de ce langage obscur et génial
des Zorglhommes. Un ancêtre du verlan.
Le Marsupilami,
lui, résulte d'un mélange animal répondant
à l'idéal qu'en attendait son créateur: Rien ne l'arrête, il est d'une
force et d'une agilité prodigieuse, il a de l'humour, sa queue
préhensible lui permet de sauter plus haut que les plus hauts
arbres de la forêt palombienne. Son "houba-houba-hop" fait trembler
même les grands fauves.
Il est intelligent, amical, moqueur...et il parle.
Qui ne rêverait pas d'un tel animal de compagnie.?
L'expo a tenté de reconstituer en carton pate
l'ambiance de la forêt et le nid des Marsupilamis, le tout
sonorisé par les chants d'oiseaux exotiques et les bruissements
inquiétants des animaux sauvages en promenade.
Puis est arrivé
Gaston ! Avec lui le règne du bricolage, de l'à-peu-près,
de la gaffe, de la fainéantise organisée qui frise
le génie !
Gaston amuse, agace, émeut.
Au début, il a son éternel mégot collé
aux lèvres, il disparaitra par la suite. Son dos est arrondi,
scoliosé, son pull trop grand et ses éternelles espadrilles
portées hiver comme été...et pourtant il séduit
Mademoiselle Jeanne la secrétaire tant il est attendrissant.
Gaston c'est l'utopiste,
l'éternel absent de ce monde qui le révolte. Il porte
en lui et les exprime avec humour tous les idéaux de Franquin.
Il rejette la notion de capitalisme ( à l'expo une galerie de
tête est présentée sous forme de crânes réduits
façon jivaros). De Maessmaker en fait particulièrement
les frais.
Gaston est un innocent qui
dépollue l'atmosphère. Il est aussi un peu anar. Son ennemi
c'est Longtarin le flic du coin et son carnet de P.V., les parcmètres
bouffeurs d'argent, le chef comptable (M.Boulier) et sa rentabilité.
Il lutte à sa manière
pour une société plus juste, plus tendre envers les rêveurs,
les poêtes, les contemplatifs. Ses rêves, toujours roses,
sont ceux de son créateur à l'imagination fertile.
Pour preuve ce fauteuil bien réel qui nous accueille
à l'entrée.
En cours de visite nous est présenté
un court métrage réalisé du temps du vivant
de Franquin. Quelques collaborateurs ou amis parlent de lui (Peyo,
Morris, Delporte) et de son travail. Ils soulignent sa joie de vivre
qui le faisait éclater de rire tout seul quand il imaginait
un nouveau gag...Mais aussi son perfectionnisme poussé à
l'extrême qui lui faisait détruire les oeuvres qui ne lui
convenaient pas.
Et puis il y a eu sa période
Idées Noires:
Pour ces histoires courtes mais
dérangeantes, Franquin donne libre cours à son esprit
critique et dénonce les méfaits de notre civilisation.
Il est écologiste, anti miltariste, anti chasseur...(Ah cet épisode
de l'appeau à chasser le chasseur..."Ducon ! Ducon! Oui! Oui!"),
il traque les fabricants d'armes, les religieux extrémistes.
Il ne dessine plus pour les enfants mais pour exprimer tout ce que notre
civilisation lui inspire et traite sa peur de l'avenir par un humour
corrosif.
L'expo est parsemée de dessins originaux, BD,
pubs, tentatives de mises en couleurs etc... dont chacun mériterait
un commentaire et force l'admiration.
Après une promenade d'environ
2 heures dans l'univers de Franquin, une boutique spécialisée
accueille les fans et présente les gadgets des personnages
et de l'oeuvre du dessinateur : Albums, porte-clefs, personnages en latex
et plastique de toutes dimensions etc... il y en a pour toutes les
bourses.
Si vous passez par Paris, ne manquez pas cette exposition.
Elle mérite le déplacement autant que le musée
de la BD de Bruxelles.
Michel Bonvalet
ci-dessous la liste Franquin:
Pour en savoir encore plus sur André Franquin
:
http://franqestmod.free.fr/
Quelques photos supplémentaires
pour le plaisir;
Le MastiGaston, appareil à macher sans effort
Le Gaffophone
instrument à faire tourner le lait des vaches:
Marsupilamis...
Quelques
dessins originaux:
Et...le
bureau de Gaston !
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