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LE GROUPE DU SAINT SANG (Jean-Claude Alain)

par Michel Bonvalet

Délaissant durant quelques heures mes chers Signe de Piste, je viens de dévorer Le Groupe du Saint Sang de Jean-Claude ALAIN (éditions Jamboree), sorti des presses en 1956, soit la septième année après la création du groupe (dixit l'auteur).
J ai pris un grand plaisir à découvrir la vie de Michka, fils d'un prêtre orthodoxe entré dans la troupe de scouts Russes dirigée par Jean-Claude Robert dont on devine très vite qu'il s'agit de l'auteur lui-même.
Bien que l'intrigue soit assez simple, elle se résume à une portion de la vie de Michel et de la troupe avec ses joies et ses drames, l'intérêt du récit ou du roman (on ne sait plus, tant les références à la réalité sont nombreuses) résidant en plusieurs points.

Je n'aurais pas l'audace de faire le panégyrique du style de Jean-Claude Alain. Sur ce dernier, il n'y a pas grand-chose à ajouter à ce qui a déjà été dit de nombreuses fois. Outre qu'il est un des auteurs les plus prolifiques des collections pour les jeunes (pas moins de 10 titres au SdP et 17 chez Jamboree sous des pseudos divers), il est également l'un des plus talentueux. Il suffit de se référer à sa biographie sur le site des amis de SdP pour s'en convaincre : L'étranger dans la patrouille , l'Equipier , la Maison du bord des sables , Mikhaïl prince d'Hallmark ... pour ne citer que les plus connus. Son style est aisé, clair et les phrases coulent comme de l'eau pure.

Les trois parties du livre sont commentées par un des protagonistes différent à chaque fois, ce qui permet de mieux cerner le caractère profond de chacun d'eux : Michel, très religieux (fils d'ecclésiastique), qui a été élevé dans l'église pauvre de son père. Jean-Claude, le chef de troupe qui se débat pour que vive son groupe et supporte les petits et gros soucis de chacun. Claude, le mal aimé, qui recherche une amitié qu'il a gâchée par son égoïsme d'enfant riche plus attiré par le mal que le bien.

Jean-Claude Alain nous fait découvrir la vie de la communauté des Russes blancs, pauvres mais fiers de leurs origines et de leur foi. Il n'évite pas les allusions politiques sans pour autant qu'elles tiennent une place importante dans la narration. Nous vivons avec eux leurs coutumes et leur langue utilisée lors des offices et des prières. Bien qu'Orthodoxes, ils acceptent, avec une petite réticence toutefois, la présence de non-russes dans leur troupe. Emigrés ou exilés, s'ils s'intègrent bien et collaborent avec d autres troupes de Scouts de France, ils n'en demeurent pas moins une communauté à part avec sa langue et ses rites (ça ressemble à une situation que nous connaissons encore de nos jours !)

L'auteur, d'origine russe sans doute, n'hésite pas à faire référence aux livres qu'il a déjà écrits (d'ailleurs le chef de troupe est auteur de livres scouts) ce qui trouble un peu le lecteur. Il fait allusion à Jacques-Robert ( La Maison du bord des sables ) qui existerait vraiment. Il parle de Vania Vermont, lui-même Russe blanc ( Les Voleurs de Serge Dalens), introduit dans l'histoire son ami Alain Arvel (autre auteur) et va plus loin encore en dînant avec ses scouts et Alain Tersen qu'il décrit physiquement avec sa petite famille ! (Alain Tersen est un des nombreux pseudos de J-C.A).

La troisième partie débute sur une mort qui aurait pu rendre la lecture plus difficile, quand on connaît le goût des Slaves pour la dramatisation théâtrale. Ce n'est pas le cas, car sans éviter la description de la douleur provoquée par le drame, J-C Alain nous montre comment l'amitié et la solidarité peuvent agir pour soulager la misère humaine.

On devine que Michel consacrera les années à venir à se préparer à son sacerdoce pour succéder à son père.

C est un livre où la religion est omniprésente, mais pas pesante... et puis on y apprend, entre autres, quelques phrases de russe dont "Skaout Vsiegda... Gatow !" (Scouts toujours... prêts !)

Un livre à lire en se souvenant qu'il a 50 ans d'âge !



©2004 Michel Bonvalet